mardi 15 février 2011

Winter de Rick Bass

Rick Bass, je l'ai découvert lors d'une après-midi thématique de la médiathèque en bas de chez moi. On devait aborder les écrivains du Montana (appellation qu'ils réfutent d'ailleurs et ils se retrouvent plus sous la dénomination d'auteurs aimant la nature d'où le courant littéraire qui en découle, le nature writing). "Winter" était un titre parfait pour lancer dans le bain car sans être un ouvrage ambitieux, il était assez révélateur du ton que ces écrivains avaient voulu donner à leurs oeuvres.
Rick Bass est né en 1958 au Texas. Il y fera d'ailleurs souvent référence dans "Winter". Il a fait des études de biologie et de géologie, mais cela ne le prédestinait pas forcément à vivre cette aventure car oui, le récit de "Winter" est bel et bien une aventure, mais humaine. C'est une découverte du monde, d'une autre facette de notre planète. Un retour aux sources ?
Cela m'inspire, j'étouffe un peu justement dans notre société actuelle alors autant essayer de prendre déjà un bon bol d'air frais dans mes lectures.

Voilà ce que vous pourrez lire en vous intéressant à la quatrième de couverture :

"Winter est le récit de l'installation de Rick Bass et de sa femme dans un coin reculé du Montana en plein hiver.
Pas d'électricité, pas de téléphone, juste un saloon à une demi-heure de route. Mais une vallée comme au début du monde, une nature splendide et cruelle. Par moins trente-neuf degrés, le rêve se fait parfois souffrance. Dans une prose lumineuse, le défenseur de l'environnement Rick Bass redécouvre, au terme d'un progressif dépouillement, l'essentiel."

Ce que j'ai pu en penser après avoir lu "Winter" :

Je crois que je me suis tout de suite sentie assez proche de la démarche de Rick et de sa compagne. Cette volonté de retrouver du calme, d'être proche de la nature, de vivre plus simplement, isolé de l'agitation du monde contemporain, fort peu propice à la création (il est écrivain et elle est peintre). Ils sont également motivés par le fait qu'ils n'ont que bien peu de sources de revenus. Ils ne sont pas criblés de dettes, mais n'ont point un sous valide d'avance. Ce sont de doux rêveurs qui ont toutefois la tête bien posée sur les épaules (comment cela c'est un peu contradictoire ce que j'écris ? Mais pas du tout !) et qui se doutent bien que ce ne sera pas une aventure facile, qu'il leur faudra retrousser leurs manches et y aller au niveau de l'huile de coude !

Ils ont en tête déjà une idée assez précise de ce qu'ils recherchent comme lieu pour s'installer. Ils ont parcouru bien des routes, des Etats. La notion de distance est faussée par les différences qui existent entre notre petite France et l'immensité des Etats-Unis. Les kilomètres s'enchainent à un rythme qui ferait sans doute bien trop peur à un européen, mais pas à ce jeune couple d'Américains.
Outre le fait qu'ils ne tombent pas "amoureux" des mêmes lieux, leur manque de fond pose indéniablement problème. Déjà à l'époque (le livre remonte à quelques années quand même), il n'était pas si facile, même armé de la meilleure des volontés, de s'installer. La société américaine en avance sur nous, sur le côté consumériste, leur bloque le passage et ce d'autant plus qu'ils ont quelques exigences, des critères larges, mais précis.

"Winter" est donc le récit sous forme de journal (intime, mais pas tant que cela) d'une aventure humaine au bout du monde, en montagne, dans la forêt.
Rick et Elisabeth vont retrouver une petite poignée de personnes qui ont fait les mêmes choix qu'eux (pour d'autres raisons, toutes assez personnelles). Le choix d'être isolé en plein hiver, sans électricité, sans téléphone à la maison, sans tout le confort moderne pour affronter une nature magnifique, mais rude également.
"Winter" est un journal de l'hiver et divers. Tous les thèmes possibles seront abordés :
- Rick nous parlera de la Nature, de sa beauté, de sa richesse passée, présente et future.
- Rick nous évoquera ses difficultés, celles de sa compagne car les conditions sont parfois (souvent) plus compliquées qu'il n'y parait. Ils sont arrivés assez tard dans la saison et se préparer à passer l'hiver n'est pas une mince affaire.
- Rick abordera l'évolution de sa façon de penser, de percevoir le monde extérieur, mais aussi les changement physiques qui se sont opérés sur sa silhouette (travail de force, période d'inactivité…)
- Rick nous parlera de ses "voisins", de leurs façons de vivre, de comprendre les évènements…
etc…

La richesse de la vie, de toute une vie est partout. La "monnaie" change en fonction du lieu où nous sommes, mais au fond, on est toujours riche de ce qui nous entoure. Et on ne peut jamais manquer de ce que l'on ne connait pas. J'aime beaucoup cette vérité. Elle est simple, mais tellement authentique comme les expériences vécues par nos anciens. Rick d'ailleurs en parle encore mieux que moi en écrivant ceci :
"Une vieille femme, que tout le monde appelle Grand-Maman, a vécu ici toute sa vie. Quatre-vingts ans dans la vallée du Yaak River. Quand on songe à tout ce qu'elle a raté ! Mais quand on songe aussi à tout ce qu'elle vu et que le reste du monde a raté. Personne ne peut tout avoir, quel que soit l'endroit où il se trouve."
Ne pas être à la pointe, raté des évènements, est-ce pour autant rater sa vie ? Rien n'est moins certain ! Le progrès n'est véritablement profitable que s'il apporte un plus réel et pas seulement de façade comme c'est hélas le cas le plus souvent avec toutes ces nouveautés qui envahissent les boutiques, puis ensuite nos étagères, nos armoires…
On peut trouver une certaine approche écologique avant l'heure (de sa mode dans les médias), mais rien n'est militant, toutes les remarques sont d'ordre personnel. Rick Bass fait des constats, parle et énonce les faits avec ce qui me semble être du bon sens.

"C'est un pays de lenteur. Un pays d'il y a longtemps. On apprend plus facilement certaines choses quand on les regarde arriver au ralenti." Aujourd'hui, nous sommes toujours pressé, pour faire quoi ? Pour quelles bonnes raisons ? En sortons-nous grandis ? Plus heureux ? Encore une fois, rien n'est moins sûre.
J'étais il y a encore peu de temps une véritable citadine et j'apprécie encore tous les plaisirs dont on peut jouir dans une belle et grande ville, cependant de plus en plus, je ressens le besoin de m'isoler, de renouer avec la nature, sa tranquillité, son silence seulement apparent.
J'envie donc l'expérience qu'à pu mener Rick et sa compagne même si tout n'était pas idyllique. Les difficultés, c'est aussi ce qui vous fait apprécier les bonnes choses.

Ma note Finale : 16 / 20


Nota bene :
- Disponible en édition de poche,
- Folio,
- Numéro d'ISBN : 978-2-07-041405-5,
- 260 pages pour 6 € 80.

7 commentaires:

Paolina a dit…

Je l'ai lu également et je tente de faire mon billet assez rapidement. Je n'ai pas lu ta note, j'y reviens plus tard.

Syl. a dit…

C'est un livre qui a bien plu. Nous sommes donc toutes partantes pour des vacances dans ce chalet...

Emeralda a dit…

Pas de soucis Mirontaine...

Je crois que je signerai même plus que pour de simple vacances Syl.

somaja a dit…

Même si je ne suis pas aussi enthousiaste que toi sur l'ensemble du roman, j'ai aimé aussi la sincérité du récit, l'éloge de la lenteur et du dépouillement.
Quant à vivre la même aventure, j'ai froid rien que d'y penser...

Emeralda a dit…

Faut dire que je suis déjà à plus de 1 000 m d'altitude et que cet hiver j'ai déjà connu des températures allant jusqu'à -18°.

Mylvac52 a dit…

Moi aussi je l'ai beaucoup apprécié. Ça donne envie de partir s'expatrier dans les montagnes !!

Emeralda a dit…

Oh oui car elles sont magnifiques, dangereuses parfois, mais uniques.