jeudi 30 juin 2011

Mont Blanc de Fabio Viscogliosi


Je continue ma découverte en avant-première des prochains livres qui feront la rentrée littéraire de cette année.
Cette fois-ci, je vais rester dans le local comme me le dit avec le sourire Lucie (ma correspondante pour le jury Libfly / Le Furet du Nord). Et oui avec le titre de "Mont Blanc" de Fabio Viscogliosi, je suis dans mon élément si j'ose dire car le Mont-blanc je le vois toute la sainte journée depuis chez moi, je suis à ses pieds ou presque puisque je culmine à 1 000 m déjà et je vis à Chamonix Mont-Blanc.
Voyons voir si cet ouvrage me fera donc prendre plus de hauteur ou non.

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L'auteur : (sources Wikipédia pour la bonne part)

Fabio Viscogliosi est un artiste, écrivain, dessinateur et musicien français né en 1965 de parents italiens à Oullins (Rhône).
Dans le domaine de la musique, il a collaboré avec The Married Monk (Rocky, 2001). Il a publié deux albums solo, Spazio (2002) et Fenomeno (2007), sur lequel figure une reprise de Lucio Battisti, "Il nostro caro angelo", en duo avec Amedeo Pace du groupe Blonde Redhead. En 1995, Fabio Viscogliosi a également produit "Big Yum Yum", album instrumental enregistré en compagnie de musiciens enfants et dédié aux musiques du cinéma (Un chien andalou, À bout de souffle ou Touchez pas au grisbi).
En 2009, Fabio Viscogliosi a exposé au Musée d'art contemporain de Lyon la série Que sais-je?, suite autofictive de 55 vrais/faux livres.
En janvier 2010, il a publié un premier roman, aux éditions Stock: Je suis pour tout ce qui aide à traverser la nuit
En septembre 2011, il sortira un second roman : Mont Blanc toujours aux éditions Stock et c'est justement de lui dont je vais vous parler.

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L'intrigue :

Le 24 mars 1999, un incendie se déclare dans le tunnel du Mont Blanc.
Le bilan humain sera lourd : 39 victimes.
Le bilan matériel conséquent, mais aura le mérite de faire évoluer dans le bon sens la sécurité des usagers, de tous les usagers.


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Ce que j'en ai pensé après lecture :

J'ai tout d'abord fait quelques recherches avant de rédiger mon billet et je me suis vite aperçue qu'il semblerait bien que ce second roman soit effectivement autobiographique puisque j'ai eu la confirmation que les parents de Fabio Viscogliosi ont disparus un jour de printemps dans une catastrophe routière dans un tunnel, ce qui hélas correspond bien avec la tragédie qui tient la part belle dans ce récit.

Une catastrophe telle que l'incendie du 24 mars 1999 sous le tunnel du Mont Blanc, qui fait 39 victimes, cela ne s'oublie pas. Même si à cette époque, je ne vivais pas à Chamonix Mont Blanc comme aujourd'hui et donc à moins de deux kilomètres du tunnel meurtrier, cette tragédie m'avait touché. C'était un nom familier et puis c'était sans doute parce que j'aurai très bien pu me trouver moi-aussi prise au piège des flammes et fumées toxiques.
Depuis cet accident, la sécurité dans les tunnels a changé et c'est tant mieux car j'en emprunte tous les jours ou presque. D'ailleurs chaque fois, j'ai une pensée (fugace certes) pour cette catastrophe. C'est inné, de l'ordre de l'inconscient. Je vous rassure, je ne suis pas terrorisée à l'idée de prendre un tunnel, mais quand même j'y pense.
La montagne peut aussi vous tuer en son sein, elle reste la plus forte malgré tout !

Je n'ai jamais lu le premier roman de Fabio Viscogliosi, mais je me doute que ce second titre ne fut pas évident à écrire. Il est sans nul doute encore plus personnel et il a dû murir avant de pouvoir sortir sur papier. La maturation à pris au moins plus de 10 ans, mais elle a fait son travail. L'écriture est agréable, on dirait que l'auteur parle avec nous comme avec des amis. C'est vif, pleins de détails, mais jamais morbides, du moins gratuitement. Quand on évoque une tragédie, c'est rarement gai quand même !
On ne pleure pas non plus à toutes les pages, ce récit n'est pas larmoyant, il reste pudique, digne, mais humain car en cas de disparitions brutales, vous êtes une coquille vide que les évènements ballotent. Il faut pourtant tenter de reprendre pied dans la réalité (de toute manière, cette dernière vous rattrape toujours). On se raccroche alors à des détails. On respire deux minutes avant d'y replonger en apnée. Fabio Viscoglisi trouve les bonnes expressions, le franc parler qui fait que nous nous, lecteur, on le suit , on a envie de l'épauler comme on le peut, de l'écouter, de le lire.

Contrairement au traitement de l'affaire, du procès, le livre est assez court : à peine 180 pages en tout. Cela va vite sans pour autant sauter des étapes importantes. C'est un condensé de l'essentiel, ce qui est resté après toutes ces années. Car oui, il faut bien le dire aussi, il leur en a fallut de la patience aux familles des victimes. Après le coup de feu (sans mauvais jeu de mot), il y a eu le feu qui couve (qui vous dévore de l'intérieur), le calme avant la nouvelle tempête (médiatique entre autre chose) : le procès proprement dit. Une nouvelle épreuve à traverser avec au bout…
Quand on traverse ce type de situation, on réfléchie beaucoup à tout et à rien à la fois. on ouvre son esprit en grand et cela part tout azimut. A lire cela, on trouverait presque cela drôle tant les coïncidences sont énormes. C'est cela aussi la vie. Elle dépasse parfois de loin la fiction. Et quand on est dans le cadre d'une affaire exceptionnelle, c'est encore plus vrai.
On fait des rencontres étonnantes, en bien comme en mal (enfin disons fort désagréables). Souvent on ne comprend même rien et on reste spectateur. Cela nous laisse coi !

Fabio Viscoglisi a écrit certains passages qui ne semblent pas liés au sujet principal. Digresse-t-il ? Même pas, en fait, tout finit par se rejoindre. La vie est ainsi faite, pleine de méandres, comme les fleuves, mais au final, ils se jettent tous dans la mer ou l'océan.

Le procès, le final de tout ceci ?! C'est loin d'être certain. On veut y croire, mais dans le box des accusés, ce sont des hommes qui ne ressemblent pas à des coupables, mais plus à d'autres victimes. Rien de plus que des hommes… Perfectibles et mortels.

La mort nous rattrapera tous et nous devons donc profiter pleinement de notre rendez-vous avec la vie. Telle pourrait être la mortalité de cet ouvrage qui n'est pas morose, ni triste, au contraire, il est porteur d'espoir car tourné vers l'avenir.
Le Mont-Blanc et ses neiges éternelles en sont témoins !


Ma note finale : 16 / 20

lundi 20 juin 2011

Cendrillon à Hollywood d'Elena Klein


Je ne suis pas une lectrice de Chick-lit (La chick lit est un genre littéraire récent. Le terme est utilisé depuis 1996 pour désigner un roman écrit par les femmes, pour le marché féminin.), mais je reste néanmoins fort curieuse de tout et je ne m'impose aucune limite, ni restriction de genre car en littérature, il en faut pour tous les goûts. D'ailleurs, un genre est-il plus noble qu'un autre ? Sur quels critères faudrait se baser pour faire cette évaluation ? Je reste persuadée qu'il y aurait matière à débattre durant des jours. Pour ma part, un bon livre se définit assez simplement. Je jauge le plaisir qu'il m'a apporté lors de sa lecture par exemple. Après que le thème soit léger ou plus profond, c'est bien, mais cela correspond plus à une attente ponctuelle, une envie du moment. Il est bon aussi de se vider un peu la tête également de temps en temps. Se distraire en lisant, c'est pas si mal ! La vie est déjà bien assez compliquée comme cela.
Donc quand on m'a proposé de lire "Cendrillon à Hollywood" en partenariat, j'avoue que je ne me suis point trop posée de questions. Le résumé m'avait intrigué, j'étais curieuse. C'était un titre peu connu (voir inconnu pour moi). Ce roman ne bénéficiait pas de beaucoup de publicité. C'est un premier roman édité grâce à des mécènes, des gens comme vous et moi qui ont lu le manuscrit et qui l'ont soutenu pour qu'il puisse sortir un jour en librairie. Je trouve l'histoire belle et si je pouvais contribuer à donner un petit coup de pouce à ma manière à une jeune auteur, pourquoi pas ? Le thème m'avait l'air distrayant et c'était une occasion de sortir de mes sentiers battus de lecture. J'ai donc dit : Banco !
Avais-je raison de suivre mon instinct ?


L'auteur :

Voici sa page officielle sur Facebook : http://www.facebook.com/elenaklein.officielle

Elena Klein a ouvert le bal du crowdfunding littéraire et devient la première romancière, à être éditée par 315 internautes-contributeurs, après avoir récolté la somme de 20 000€ en cinq jours, sur le site My Major Company Books.

Le crowdfunding , qu’est-ce que c’est ?
Il s’est développé en France en 2007, notamment avec l’entreprise My Major Company, qui a révélé les chanteurs Grégoire et Joyce Jonathan. Il donne la possibilité aux internautes de participer pécuniairement au développement d’un projet. Le principe est simple : les internautes participent à la découverte, au financement et à l’édition de leurs auteurs. Ils peuvent acheter jusqu’à 50 parts, une part coûtant 10€. Le but étant d’atteindre la jauge des 20 000€ afin de pouvoir être édité. En retour, dès la commercialisation du produit et si celui-ci connait le succès, les internautes-contributeurs sont rémunérés en fonction des recettes nettes.
Mais qui est-elle ?

Née en 1976 à Paris, Elena Klein, avocate de formation, s'est lancée à corps perdu dans le monde du cinéma... « Cendrillon à Hollywood » est son premier roman.

Enfant, les confins de l'univers l'obsèdent et elle rêve de devenir astronaute. Depuis son plus jeune âge, elle est passionnée de littérature, de cinéma, et plus généralement par toute expression artistique d'une vision du monde qui nous entoure. Sans racines, elle est très tôt habitée par un sentiment de non appartenance et lire l'aide à décrypter la vie, a se reconnaître et à rêver. Les livres(...) deviennent rapidement sa famille et l'écriture un exutoire thérapeutique.

Après des études de droit en France et son diplôme d'avocat en poche, Elena Klein s'envole pour les Etats-Unis où elle obtient un Master en Droit de la « UCLA Law School » à Los Angeles. Elle revient alors à Paris exercer la profession d'avocat au sein d'un cabinet américain spécialisé en Fusions & Acquisitions. Deux ans plus tard, le désir irrépressible de vivre ses rêves l'emporte et elle applique à sa vie son credo de toujours :« Quand on veut, on peut !».

Elle quitte tout pour démarrer une carrière à Hollywood et rejoint le "Training Program" de l'une des agences de talents les plus puissantes de Los Angeles. La "Mailroom" de l'agence la change de la rue du Faubourg Saint Honoré mais elle gravit rapidement les échelons hollywoodiens: elle travaille avec producteurs, scénaristes et acteurs au montage créatif et financier de leurs projets de films.

Après plusieurs années en agence à Los Angeles, l'aventure continue à Rome ! Abel Ferrara, Cinecittà Holding, puis, de célèbres producteurs de cinéma italiens font appel à ses services.

La richesse de ses rencontres, voyages et expériences est un terreau fertile pour son désir d'écriture. Nombre d'idées de romans se bousculent. L'accumulation des joies et des déceptions de la vie la pousse finalement à l'acte: « Cendrillon à Hollywood » voit le jour.

Elena Klein vit entre Paris et Los Angeles et a créé sa société de conseil aux Etats-unis. Elle est aujourd'hui consultante pour une major du cinéma français et continue d'écrire : «L'important est de ne jamais désespérer» (Midnight Express).




Ce que vous pourrez lire en quatrième de couverture :

Les tribulations hilarantes d une Frenchie à Hollywood,
le seul endroit au monde où tout est possible...


Inès Valente a un rêve : travailler dans le cinéma. Et comme elle n a pas l habitude de faire les choses à moitié, elle plaque tout et intègre en tant que stagiaire une des plus grandes agences de stars de Hollywood.
À l Agence, les carrières se font et se défont en quelques heures. Propulsée assistante du Grand Patron, Inès approche des étoiles. Cannes et son tapis rouge, les grands hôtels, les festivals dans le monde entier, c est la face émergée.

Elle va bientôt découvrir ce qui se cache derrière les paillettes...



Ce que j'en ai pensé après l'avoir lu (dévoré en fait) :

La narratrice, Inès Valente, n'attend pas et commence sur les chapeaux de roue. Elle nous dit que la vie c'est comme une partie de carte (d'autres disaient que c'était comme une boîte de chocolat - "Forrest Gump"). En lisant ces quelques lignes, je pense immédiatement à une publicité qui passe encore sur nos écrans. Le thème est le poker et la voix off est celle de Patrick Bruel (gros joueur). Je suis certaine que vous voyez maintenant celle que je tente d'évoquer car même s'il en existe plusieurs versions, la devise finale reste la même. Pour celles et ceux qui ne voient pas du tout de quelle campagne de pub il s'agit, voici des liens pour vous rafraîchir la mémoire :
- http://www.youtube.com/watch?v=nIMBD2qrPT0
- http://www.youtube.com/watch?v=OgIANHuDmIU&NR=1
Bref, tout ceci pour vous dire que peu importe le jeu que l'on a entre nos mains, rien n'est jamais perdu d'avance. C'est une vision optimiste de la vie qui me plait. Il est vrai que parfois avec une bonne dose de volonté et aussi un peu de chance, on peut réaliser des miracles ! D'ailleurs regardez Cendrillon, avec un simple petit coup de pouce de marraine la bonne fée et de madame la chance, elle a tout gagné ! Ben oui, 100% des gagnants du loto avaient tenté leur chance !

L'humour est là dés le début du récit et j'ai enchainé les sourires, voir même quelques gloussements (pas glamour, mais véridique). De bonnes références cinématographiques (que je connaissais et ça c'était important), mais aussi de séries télévisées et autres bien de ma génération (j'ai un an de plus que l'auteur, ceci expliquant sans doute cela) font que certaines "images" étaient très parlantes et fort drôles. Sans doute suis-je au coeur de la tranche d'âge des lectrices visées par ce roman. Pas de problème pour moi du moment que c'est bien fait que j'y prends du plaisir.

Inès Valente, notre guide, m'a beaucoup plu. Elle est vive, un brin maladroite, pleine de bonne volonté et de bon sens, doit ronger son frein car elle ne manque pas de caractère alors qu'elle se retrouve dans des situations disons délicates. Elle s'en sort en général, mais à quel prix ? Elle joue le jeu jusqu'au bout et après tout elle fait son bonhomme de chemin plutôt pas mal ! Elle avance ses pions, ne s'économise jamais, en bave franchement au point qu'on se demande vraiment ce qu'elle est venue faire là alors que sa vie n'était pas si moche que cela auparavant. Qu'est-ce qu'elle est venue faire dans cette galère ?! Il est certain que je n'aurai pu en faire autant. Je n'ai pas sa patience. Britney, sa colocataire, m'aurait rendue folle. Jamais je n'aurai pu supporter cette psycho-rigide plus de deux heures sans commettre l'irréparable ! Quant à Glen, je crois que je lui aurait fait avaler son bridge dès la première semaine… Et non, je ne suis pas du genre violente, mais comme Inès le souligne, il y a des situations qui font que vos plus bas instincts refont surface vivement.

Ecriture fluide et actuelle qui confère une certaine légèreté à cet ouvrage alors qu'Inès, elle, croule sous le poids de ses nouvelles responsabilités.
Lecture agréable, très agréable même. On se laisser entrainer de bon coeur par le rythme de folie que notre héroïne suit tant bien que mal. Quelle santé quand même !

Inès cumule les petites et les grandes galères. On peut même dire qu'elle les accumule au-delà de la décence, mais jamais elle ne se laisse démonter. Là où très franchement je serai allée me pendre, elle relève la tête et fait face. Chapeau ! Bon, on reste dans le domaine de la fiction donc c'est plus facile, mais quand même.
L'enchainement des évènements, son avancement au sein de l'Agence font peu crédibles (trop rapides), mais peu importe, c'est plaisant à lire. Cette surenchère est attractive, plus rien ne nous étonne. Enfin, je vais vous dire que parfois la vie réserve bien des surprises et ce qui paraissait encore incroyable la veille se réalise le lendemain. Alors pourquoi pas après tout ? Soyons fous et soulignons encore une fois qu'Inès saisit toutes les occasions possibles et imaginables.

La plupart des personnages sont très stéréotypés. Guère surprenant, ni même dérangeant. Cela colle au style du livre sans que je puisse véritablement vous expliquer le pourquoi du comment. C'est un tout qui encore une fois fonctionne parfaitement alors pourquoi chercher midi à quatorze heure ?
Et puis sous couvert de la légèreté se cache quand même des sujets plus graves comme l'effacement des personnalités propres à chacun au sein des grands groupes (nivellement, standardisation de la façon de penser…), l'exploitation voir même presque l'esclavage des salariés (voir des cadres sans horaires avec des cadences infernales au mépris de leur vie sociale ou/et familiale), les pressions, le harcèlement, le déni de soi, l'humiliation, la perte de toute dignité…etc.

je pense pouvoir dire que ce livre est un coup de coeur. Une excellente surprise qui cachait bien son jeu sous un emballage édulcoré. L'humour et le ton n'enlèvent rien à cet ouvrage que je vous conseille vivement de découvrir. Voilà un auteur en devenir qui sans vous dégoûter complètement du septième art, vous fera quand même voir l'industrie du cinéma américain (voir mondial) sous un angle beaucoup moins glamour, mais plus réaliste. Tout n'est pas à prendre au pied de la lettre, mais on est souvent loin des strass et des paillettes. C'est du cinéma (?!).

Ma note finale : 4,5 / 5 soit 18 / 20


Quelques extraits pour vous donner envie et juger du ton par vous-même :

"Son regard s'est animé instantanément et il m'a tendu sa carte de visite. J'ai lu avec stupeur : "James Von Frankenstein, Acteur". Aussitôt après mon départ de Paris, mon père avait jugé bon de m'envoyer par e-mail des articles décrivant des crimes plus abominables les uns que les autres, tous commis à Los Angeles. Il était convaincu que l'ensemble des tueurs en série de la planète y avait trouvé refuge et qu'il fallait que je sois sur mes gardes. sa paranoïa devenait contagieuse." (P29)

"Instinctivement, j'ai détourné la tête vers l'entrée… Brad Pitt !
Temps mort. quelle est la probalité que je me retrouve avec George Clooney ET Brad Pitt, en même temps, dans une pièce de vingt mètres carré, à manger de l'ananas frais coupé en morceaux ?!
Ma fourchette est restée suspendue dans les airs. Je n'en croyais pas mes yeux." (P129)

Ultime bonus, une petite vidéo de l'auteur :


Elena KLEIN , auteur sur My Major Company Books par MyMajorCompanyBooks

Un grand merci aux Agents Littéraires, à My Major Compagny Books et éditions XO pour cette marque de confiance.

vendredi 17 juin 2011

De guerre lasse de Françoise Sagan



Lire Sagan n'est pas un réflexe pour moi même si je suis très curieuse en littérature. Je sais bien que c'est un auteur important, qui a eu une vie pleine de rebondissements, de très hauts, mais aussi de très bas. Sa plume est reconnue, son style aussi, elle a marqué son époque, mais son aura continue de s'étendre aujourd'hui encore. Reste juste que je n'ai lu à ce jour qu'un seul de ses livres et c'était son tout premier : "Bonjour tristesse". Un ouvrage de jeunesse qui ne manquait déjà pas de profondeur pourtant.
En résumé, Françoise Sagan était une artiste avec ses démons et ces derniers l'ont certainement usés bien avant l'âge, mais ils ont contribué à son oeuvre, qu'on le veuille ou non. Je reste persuadée que sans ses travers, Sagan n'aura pas écrit du tout la même oeuvre littéraire.


Dans la blogosphère, particulièrement celle concernant la littérature, on aime se lancer des défis, des challenges, non pas pour se prouver que l'on est les meilleures, les plus fortes ou toutes autres bêtises de ce genre, mais plus pour se motiver à franchir un cap, découvrir un auteur que l'on reluque depuis un bon moment sans jamais oser franchir le pas parce qu'il nous intimide, parce que l'on se trouve toutes sortes d'excellentes raisons de repousser notre lecture, etc…
Pour ma part, j'avais donc déjà découvert la plume de Françoise Sagan, mais j'en étais restée là. J'avais bien envie d'en savoir un peu plus. La lecture de billets littéraires, de comptes-rendus de lecture me faisait envie, mais je n'ai pas bouger jusque là. médiathèque ou la librairie pour vraiment me replonger dans ses pages d'écriture.
Un challenge allait me donner cette occasion et me voici donc en train de vous écrire un avis personnel sur " De guerre lasse" de Françoise Sagan (évidemment).


Ce que vous pourrez découvrir en lisant la quatrième de couverture :

Charles Sambrat n'aimait pas la guerre.
En mai 1942, il dirigeait tranquillement son usine dans le Dauphiné et meublait ses loisirs d'aventures faciles.
Jérôme, son ami, son complice, son contraire, luttait contre les nazis, organisait les filières d'évasion. Son arrivée à l'improviste, en compagnie d'Alice, belle et dévorée d'angoisse, va jeter Charles dans une autre vie. Il lui faudra conquérir Alice qui a provoqué chez lui un amour total, la protéger lorsqu'elle devra prendre les plus grands risques dans le réseau que dirige Jerôme et l'arracher à la jalousie et à la fureur de son ami.
C'est dans la tragédie de la guerre une comédie à trois personnages - trois portraits inoubliables - où Françoise Sagan met à l'amour un A majuscule tout en sachant que le petit "h" de l'histoire détermine tout.


Ce que j'en ai véritablement pensé :

Les première pages furent un calvaire pour moi. Je n'accrochais pas du tout. Je trouvais les phrases longues, à rallonge et même je m'y perdais.
Etait-ce parce que j'étais fatiguée ?
Etait-ce parce que je venais de terminer un autre ouvrage qui n'était pas du tout dans la même veine littéraire ?
Etait-ce parce que c'était effectivement trop lourd comme style ?
Je ne pourrais pas vous répondre si ce n'est que c'était sans doute un peu de tout cela à la fois.
Je n'ai donc pas trop insisté au début et j'ai préféré reposer mon livre jusqu'au lendemain.

A la reprise de ma lecture, les impressions étaient déjà nettement meilleures. J'avais les idées plus claires et le texte paraissait plus limpide, plus fluide sans être pour autant trop léger.
Le style de Françoise Sagan est toujours précis, les mots ne sont jamais là par hasard, ils ont un sens et leur ordonnancement est pensé avec soin.
A l'évocation de la ville de Romans, j'ai eu un sourire sur les lèvres. Je connais assez bien la ville car j'ai vécu toute mon enfance à moins de 25 km de là. J'étais donc en terrain connu.

Mais, mais...

Ce que je déplore quand même un peu, c'est que l'amour de Charles pour Alice est trop soudain. L'auteur nous le jette presque à la figure, comme une évidence alors que si l'on s'en réfère juste à son livre, les protagonistes en question ne se sont rencontrés que quelques heures auparavant.
Et le coup de foudre me direz-vous ? Oui, d'accord, mais alors que Françoise Sagan l'évoque.
Là, on débute avec une soirée chaude du mois de mai et puis c'est tout. L'un des deux hommes est déjà amoureux, l'autre vient de tomber dans ce sentiment également sans que l'on en sache pourquoi, ni comment. Je suis encore une fois d'accord pour dire que ce type de sentiment ne se commande pas, que parfois, c'est incompréhensible, que c'est tout sauf logique, mais quand même, lorsque on lit une histoire, c'est plus simple d'avoir les clefs en main.
Un trio amoureux, c'est déjà pas mal de possibilités alors si en prime il faut tout découvrir, deviner soi-même, non merci.

Ce que je déplore encore ?
- L'emploi d'un trop grand nombre d'adjectifs à tout bout de champs. Une telle accumulation, même avec des termes fort bien choisis, devient vite difficile à supporter. Cela m'a lassé.
- Les réactions d'Alice ressemblent trop à celles d'une midinette et je ne supporte pas les midinettes, même en littérature.
- L'ensemble des scènes présentes dans ce livre m'ont semblé très (trop) théâtrales, surdouées et donc insupportable pour moi.
Oui, je sais, cela fait déjà beaucoup de choses insupportables.

Au final, je suis comme le titre de livre c'est-à-dire que j'ai capitulé "De guerre lasse".


Ma note finale : 10 / 20

Affiche du film, une adaptation du livre de Françoise Sagan :


Nota Bene : Je vous mets en "bonus" le lien d'une petite vidéo (impossible de l'importer sur mon blog directement) : Sagan avec Thierry Ardison. c'est assez intéressant à visionner---- http://www.dailymotion.com/video/xf8mtk_francoise-sagan-a-propos-de-sa-carr_news

lundi 6 juin 2011

Les savants de Manu Joseph


Nous sommes fin mai/début juin 2011 et déjà les nouveautés à paraître pour la prochaine rentrée littéraire (septembre 2011) arrivent dans ma boite aux lettres. Oui, je le sais, je suis une privilégiée et à ce titre je savoure ma chance d'être membre dans deux jurys pour des sélections littéraires de grosses librairies.

Le premier titre à tomber entre mes mains est celui de Manu Joseph : "Les savants" aux éditions Philippe Rey. Je ne résiste pas longtemps aux plaisir de lire cet ouvrage et voilà ce que j'en retiens après une brève présentation.

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L'auteur :

Manu Joseph est journaliste.
"Les savants" est son premier roman, déjà traduit dans une vingtaine de pays. Il a été remarquablement accueilli par la critique partout. (Hummm, à voir avec moi car même si je ne suis pas critique littéraire de profession, je reste une grosse lectrice à séduire ! Ne m'a pas qui veut !!! lol)

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Ce que l'on peut lire en quatrième de couverture :

Aujourd’hui, en Inde, on ne dit plus « intouchable » mais dalit. Un mot, toutefois, suffit-il à changer la donne ? Ce n’est pas l’avis d’Ayyan.
D’un côté, du sien, une pièce minuscule partagée avec sa jeune épouse et son fils dans une exécrable cité de la banlieue de Bombay, tandis qu’il exerce un emploi de secrétaire dans un institut de recherche de haut vol. De l’autre extrémité du spectre social, à l’Institut, les savants, les « brahmanes » et, avec eux, tous les nantis et leurs femmes inaccessibles, le regardent de haut. Alors, à l’époque où le petit peuple indien, conscient de sa supériorité numérique, acquiert un pouvoir politique de plus en plus important, Ayyan a une idée… Son fils, Adi, est brillant.
Pourquoi ne pas donner discrètement un coup de pouce au destin, ne pas compenser les injustices de la naissance et du système des castes ? Fort de ce qu’il apprend à l’Institut en écoutant aux portes, Ayyan entretient le mythe d’un petit génie dalit… Qui, dans ces chassés-croisés, ces jeux de pouvoir, ces mensonges plus ou moins assumés, remportera la partie ? A coup sûr, le lecteur, emporté par la prose simple et efficace, à l’humour acerbe, d’un romancier indien qui appelle un chat un chat et se moque des faux-semblants de ses compatriotes.

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Ce que je peux vous en dire après lecture :

L'Inde est un pays qui m'est totalement inconnu et c'est par le biais d'Ayyan ainsi qu'avec les autres protagonistes de ce premier roman étranger que j'ai pu découvrir, un peu au-delà des clichés, une société qui se veut de plus en plus occidentalisée, mais encore largement engluée dans ses traditions et son passé.
Exotisme, dépaysement, mais l'ensemble est tout sauf low-cost ! Ayyan, notre guide principal, ne veut point se brader, il a conscience de sa valeur et de celle de son fils, Adi (qualifié de petit génie et enfant handicapé car sourd d'une oreille). On ne peut pas vraiment lui donner tort car le système des castes ainsi que la loterie des naissances ont bloqué le chemin de la réussite à trop de véritables hommes et femmes, si ce n'est de génie, de qualité tout au moins. Il est temps de réparer les injustices, de remettre les éléments à leur juste place, d'être enfin lucide et clairvoyant. Enfin tout ceci est assez facile sur le papier car dans les faits, c'est autrement plus complexe.
L'homme n'est pas bon par nature, du moins, ses actes de manière générale ne le laisse pas vraiment supposer même si les bonnes volontés ne manquent pas non plus. Disons donc que Manu Joseph résume cela assez bien en écrivant : "Car ce que tout homme voulait vraiment, c'était être plus important que son voisin."
Il ne faut surtout pas être du côté des loosers ! Cependant Ayyan, trop porté par ses griefs de petit secrétaire est allé loin, très loin ! Il aurait dû stopper sa machine infernale bien plus tôt, mais il n'a pu s'y résoudre et a tenté sa chance jusqu'au bout.
A trop vouloir changer le court des évènements, on risque fort de se faire dépasser par ces derniers. Reste pourtant qu'un retour à la "normalité" peut être insupportable. Pire que la mort ! L'immobilité n'est-elle pas plus terrible encore que la fuite en avant sans contrôle ? Question de perception et de tempérament sans doute. A vous de voir où vous vous situez.

Comme dans la vraie vie, on oscille dans ce texte entre le sordide, la joie, la légèreté, l'intelligence, la bêtise, la beauté, la laideur… etc. C'est la comédie humaine version indienne bien loin de Bollywood, de ses paillettes, de ses chansons, de ses histoires d'amour qui se terminent en véritables contes de fées.
Cet ouvrage se lit aisément, avec plaisir et pour un premier roman, on se dit que voici un auteur plein de promesses. Il a gardé la simplicité du style journalistique, mais c'est assez étoffé pour que l'on parle alors de littérature. Un juste compromis.

J'ai aimé le regard d'Ayyan (mais aussi celui des autres protagonistes qui prennent le récit en main tour à tour) qui n'est pas toujours tendre (loin de là même) avec ses semblables alors que lui-même n'est point parfait. C'est tout au moins comme cela que je l'ai perçu.
"L'Homme est un loup pour l'Homme" et ce que l'on découvre à travers les sites, les lieux où évoluent les protagonistes de ce récit, ne contredit pas cette expression. Chacun tirant la couverture à soi. Ces luttes intestines sont risibles, ridicules, mesquines et inutiles. C'est contre productif et pourtant banal. Je trouve que l'on touche là quelque chose de plus global et que l'on ne peut pas seulement appliquer à l'Inde. C'est d'ordre planétaire. Le monde marche sur la tête et il serait temps d'y remettre de l'ordre.

Dans "Les savants", on aborde des sujets graves comme les épouses immolées par leurs époux. Pratique d'une cruauté sans nom !!!! Comment cela peut être encore possible de nos jours ?!!!!! Manu Joseph ne s'y attarde pas vraiment, mais ne cache pas cette réalité. C'est mieux que de la passer sous silence même si c'est très peu. Cela tranche encore un peu plus avec Bollywood. D'ailleurs au fil de la lecture, ce ne sera pas le seul détail noir qui entachera la belle carte postale et c'est tant mieux. On ne vit pas au pays des Bisounours.
La religion sera assez présente et si pour une fois, on se tiendra un peu éloigné des fanatiques (encore que), nous aurons l'occasion de voir que pour obtenir des conversions, on n'hésite pas à faire miroiter les avantages financiers liés à telle ou telle confession. L'argent est le nerf de la guerre, mais doit-on brader pour autant Dieu, sa foi et tout le reste ?

Dans ce roman, on évolue dans un autre pays que l'on ne connait pas forcément (du moins, moi, je ne le connaissais pas plus que cela) et dans le milieu scientifique, mais je vous rassure immédiatement, on n'a nul besoin d'avoir bac+12 ou d'être un génie des mathématiques ou de la physique pour tout comprendre. Manu Joseph nous offre là des portraits humains façonnés par les traditions, mais également par des courants plus modernes, plus contemporains, plus occidentaux (vive la mondialisation) et donc il y a des télescopages. C'est à la fois un récit exotique et familier, chaud et froid, sucré et salé que je vous invite à découvrir fin août 2011 lors de sa sortie. Vous devriez y trouver votre bonheur.

Ma note finale : 16 / 20