mercredi 26 octobre 2011

Le pacte des vierges de Vanessa Schneider


Le livre :

Le pacte des vierges de Vanessa Schneider, aux éditions Stock, 190 pages, 17 €


Pourquoi ce livre ?

La rentrée littéraire est toujours extrêmement chargée et peu de livres tirent véritablement leur épingle du jeu.
Certes, il y a les inconditionnels qui liront jusqu'à plus soif et même au-delà. Il est fort probable que j'en fasse parti, même si je me réserve toujours pour la forme.
Il y a aussi les incontournables, c'est-à-dire les ouvrages que vous ne pouvez pas manquer sinon cela signifie que vous vivez sur mars ou jupiter au bas mot ! Même moi qui regarde peu la télévision (pour ne pas dire jamais en dehors de mon émission littéraire ou si peu), je ne peux y échapper. Ok, je concède que je lis la presse spécialisée.
Il y a les publications sur la Toile et certaines opérations spéciales comme celle à laquelle j'ai participé pour la première fois cette année, organisé avec le site Priceminister. Elle concernait les blogueurs littéraires et pour une fois je me suis lancée car je rentrais dans cette catégorie de public et puis voilà deux années de suite que je participe à des jury donc…

Le deal était le suivant :

"La rentrée littéraire 2011 bat son plein en ce début de mois de septembre : 654 romans ont été annoncés par les éditeurs, et déjà la question se pose aux bibliovores : quelles œuvres choisir cette année ?
L’année dernière, PriceMinister proposait à la blogosphère littéraire un match entre les gagnants du prix Goncourt et du prix Renaudot, La Carte et le Territoire de Houellebecq et Apocalypse bébé de Virginie Despentes. Cette année nous vous proposons de recevoir chez vous et de critiquer pas moins de 12 ouvrages de la rentrée littéraire sélectionnés par les blogueurs, pour les blogueurs."
J'ai été sélectionnée et j'ai reçu l'ouvrage que j'avais choisi soit "Le pacte des vierges" de Vanessa Schneider.

Le pitch :

2008, Gloucester, États-Unis.
Dix-sept jeunes filles d’un même lycée tombent enceintes en même temps. Stupeur dans la ville. La rumeur publique fait état d’un pacte. Les gamines se seraient concertées pour faire et élever leurs enfants ensemble. Qu’en est-il exactement ? À une journaliste venue enquêter sur l’événement, quatre d’entre elles se racontent. Il y a Lana, la meneuse, dont le père a disparu un jour, la laissant seule avec une mère devenue mutique, abrutie de médicaments, d’alcool et de télévision.
Placée un temps dans un foyer, elle y a rencontré Cindy dont la mère a quitté le domicile pour s’enfuir avec le plombier et que sa tante a ensuite recueillie. Il y a Sue, coincée entre ses parents puritains et bien-pensants, et Kylie, qui partage la passion de sa mère pour Kylie Minogue et enchaîne les concours de Mini-Miss depuis toute petite. Leurs voix se succèdent pour évoquer le « groupe », leurs relations, le mystère de leur grossesse multiple et ce pacte, qui leur permet d’échapper au quotidien d’une ville portuaire où le chômage et ses conséquences déciment les familles et laissent peu de place à un avenir meilleur. À travers la narration croisée de ces quatre vies d’adolescentes, à travers le récit de leur enfance et de leurs blessures, de leurs espoirs et de leurs bonheurs, Vanessa Schneider nous raconte avec tendresse et non sans humour une certaine société américaine entre désoeuvrement, rêves et réalité.



Ce que j'en ai pensé :

Lana a 15 ans (ou presque) et dit avoir déjà pas mal vécu. C'est notre premier contact et elle va nous mettre tout de suite dans le grand bain. Elle se sent plus âgée, peut-être plus mûre que d'autres jeunes filles. Elle est directe et ne mâche pas ses mots, elle joue la dure comme elle se définit elle-même. Elle n'a pas eu vraiment d'autres options.
C'est avec elle que l'on donc débute la lecture de ce roman. Elle qui ne s'adresse pas vraiment à nous les lecteurs, mais à la journaliste qui est venue la rencontrer, ainsi que les autres lycéennes tombées enceintes au même moment.
Une sacrée affaire ! Pensez donc, 17 jeunes filles d'un coup dans une bourgade où rien ne se passe d'ordinaire.

On poursuit avec Sue. Radicalement différente comme une fille. Presque tout le contraire de Lana.
Chaque chapitre est dédié à une de ces adolescentes qui accepte de parler et on en comptera quatre sur les dix-sept qui poursuivent une grossesse alors. Un découpage simple, mais nous permet de bien suivre l'évolution, qui dit quoi. On ne se perd pas.

Cindy prend ensuite la parole. Encore une autre façon de s'exprimer, de penser, de voir cette aventure car oui, c'en est une et avant toute chose : humaine.
On découvre peu à peu la communauté qui entoure ces jeunes filles. La religion est importante. Elle l'est toujours assez aux USA, mais plus dans certains états que d'autres. Elle modèle les âmes, mais pas seulement.
Tout le monde se connait et a des opinions sur les autres. Voilà typiquement un climat d'ambiance que je détesterai (pour avoir déjà connu cela à plusieurs reprises. Les petites villes, c'est la plaie côté commérages). Et puis que dire des histoires familiales de ces ados qui ont encore un pied dans l'enfance, mais l'autre dans le monde sans pitié des adultes ? Brrrr c'est pas le pays des Bisounours.

Vient le tour de Kylie.
Niveau culturel, on reste un peu au ras des pâquerettes, mais bon, ce sont des gosses quoi. La maturité n'a pas frappé à toutes les portes non plus, enfin ce n'est que mon avis (et il changera au fil des pages), mais je ne suis pas là pour les juger ces jeunes filles. Je suis là à les écouter comme la personne qui recueille leurs propos, pour savoir, pour comprendre peut-être.
Et puis, et puis… Le temps va passer et les choses vont évoluer tout comme ces jeunes filles qui vont se poser mille et une questions. Elles vont se livrer, vivre leur grossesse ensemble, mais aussi individuellement. Il y aura des mutations, des changement et tout ne sera pas dû aux hormones. Les chrysalides vont se fissurer…
Ce livre est bien un roman car des éléments ont été modifiés, arrangés, changés. La fiction est présente dans un tableau réel. Où est le vrai, le faux ? Un peu ici, un peu là et encore là. Est-ce si important ? Oui et non. Tout est sujet à interprétation et l'essentiel est bien présent. Le reste n'est qu'enrobage et autres fioritures.

Les faits sont durs. On nage dans des eaux plus ou moins troubles, la réalité sociale aux Etats-Unis, on se la prend en pleine figure. Certes, ce livre n'est pas un portrait sociologique de toute l'Amérique, mais quand même, il y a des éléments qui font frémir, qui ne me plaisent guère, qui me révoltent même. Cela me fait également penser que ce n'est peut-être pas plus reluisant en bas de chez moi. et je dis cela en connaissance de cause puisque mon mari est proviseur d'une cité scolaire. Il ne faut pas croire, dans le milieu scolaire, on en voit des choses et qui ne sont pas toutes directement lié avec l'éducation…

L'écriture donne l'impression que l'on regarde un documentaire avec essentiellement (exclusivement) des interviews montées les unes à la suite des autres et qui ainsi nous livre toute ou presque l'histoire. C'est très télévisuel, c'est troublant, c'est parlant et touchant.
Le dénouement, du moins la fin de cet ouvrage m'a laissé sans voix. Je m'y attendais un peu, mais non, je ne voulais pas y croire. Je l'avais sentie depuis l'intérieur, je le vivais presque en même temps que Lana. J'avais envie de la bouger, de la prévenir, mais c'était impossible.

Cet ouvrage de 190 pages, je l'ai lu d'une traite. Je n'ai pas pu m'arrêter, je ne voulais à aucun moment couper la parole à ces jeunes adolescentes presque mère qui avaient tant à dire au fond, même dans ce  qu'elles ne nous livraient pas. Parfois, ce sont les silences les plus éloquents !
On ne ressort pas tout à fait indemne de cette lecture. Je n'ai pas pu dormir après avoir reposer le bouquin terminé sur ma table de chevet. Cela tournait dans ma tête. J'avais une foule de sentiments qui m'assaillaient, j'étais bouleversée et le terme n'est pas trop fort. Je ne pleurais pas, mais pas loin.
J'ai forcément repenser à ce que je voulais, souhaitais à leur âge même si forcément les époques étaient quelques peu différentes (je ne suis pas une mammite, je n'ai que 36 ans, mais quand même et puis, je suis française et elles américaines. Qu'on le veuille ou non, même avec la mondialisation, il y a une différence de culture indéniable.). Il est clair qu'à 15/16 ans, je ne pensais pas vraiment trop à avoir des enfants. Je voyais cela pour plus tard et une grossesse aurait été la pire des catastrophe pour moi à cet âge. J'avais une amie qui en parlait et elle se sentait prête. Moi, pas du tout.
Ensuite, j'ai repensé à mes grossesses, mes filles, ce bébé qui n'est pas venu au monde et tant d'autres choses encore. Pour le coup, c'est une lecture qui m'a bousculé et pas que dans mon côté hormonal !
C'est un coup de coeur, même si j'ai du mal à le définir ainsi. C'est plus viscéral…
Voilà un livre qui bouscule sous dans airs de presque pas y toucher.


Et s'il fallait mettre une note : 18 / 20



Les bonus :

Gloucester, c'est aux U.S.A, très bien, mais pour en savoir juste un peu plus, il y a aussi la Toile, car il est bon de savoir un peu mieux de quoi on vous parle quand on lit un ouvrage et aussi d'avoir une idée un peu plus précise du cadre, surtout car l'intrigue se rapporte à des faits ayant une large part de vérité :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gloucester_%28Massachusetts%29
http://www.gloucesterma.com/
http://gloucester-ma.gov/

Un lien qui va voue renvoyer vers un article du magazine Elle qu'on ne présente plus et qui va vous présenter dans les grandes lignes les faits réels :
http://www.elle.fr/Societe/News/L-etrange-pacte-des-ados-enceintes-664995

Même chose avec cet article alors publié dans "20 minutes" :
http://www.20minutes.fr/monde/238407-Monde-Dix-sept-ados-font-un-pacte-de-grossesse-collective.php


les matchs de la rentrée littéraire

3 commentaires:

Tiphanie a dit…

3e billet que je lis sur ce livre et ça me donne encore plus envie de le lire à mon tour. Je me demande bien ce qui peut se passer dans la tête d'une ado de 15 ans pour qu'elle souhaite délibérément tomber enceinte! Quand je vois les élèves de 14/15 ans que j'ai elles ne seraient absolument pas assez matures pour avoir un enfant et pourtant je suis à peu près sûre que ça trotte déjà dans la tête de certaines...

Emeralda a dit…

Sait-on vraiment ce qui se passe dans leur tête ? Non, parce que l'on a oublié (pas tout, mais presque).
Et oui, cela leur trotte dans la tête comme une petite mélodie, celle de la vie, des hormones et j'en passe.

Douce a dit…

Je viens juste de finir ce bouquin et effectivement, ça m'a aussi complétement retournée, surtout le dénouement. Je suis encore proche de l'âge de ces jeunes filles mais, même à 21 ans, je ne me vois pas maman....