mardi 31 janvier 2012

La valse des gueules cassées de Guillaume Prévost


Le livre :

La valse des gueules cassées de Guillaume Prévost, chez 10/18 (collection Grands détectives), 7€50, 278 pages.



Pourquoi cette lecture ?

Il y a des auteurs que vous découvrez un jour, complètement par hasard et qui vous marque. A priori, ils ne sont pas tellement différents des autres écrivains, leurs thèmes sont plutôt courants, mais il y a un petit je ne sais quoi qui vous y fait revenir encore et encore.
Guillaume Prévost est de ceux-là avec en prime le fait que c'est mon mari qui avait lu avant moi son premier roman et qui me l'avait chaudement recommandé parce que justement pour une fois, il n'y avait pas d'âneries historiques dedans et que l'intrigue se tenait fort bien.

Ensuite, le hasard à bien fait les choses puisque j'ai eu l'occasion de rencontrer à plusieurs reprise Guillaume Prévost et de passer d'agréables moments en sa compagnie. Le courant passait bien et pas seulement à travers son écriture, c'est forcément un plus.
J'ai acheté "La valse des gueules cassées" lors de ma dernière visite au salon du livre de Paris en mars 2011 et revu par la même occasion son auteur. Il m'a reconnu alors que cela faisait 2 ans que nous ne nous étions pas vu, que j'avais coupé mes cheveux courts (je les avais alors fort longs avant) et minci de près de 25 kg. Pas mal quand même ?! Il s'est également souvenu que je devais lui écrire par mail, ce que je n'avais pas osé faire. Je ne vous dis pas comment je me suis faite houspillée (avec délicatesse tout de même). Et là, je suis carrément honteuse de lire son ouvrage si tardivement, mais que voulez-vous, je suis toujours avec un livre entre les mains, mais pas toujours le bon hélas…



Le pitch :

Printemps 1919. Exsangues, la France et ses cinq millions de soldats tout juste démobilisés n'en finissent pas de panser leurs plaies. Alors que Clemenceau négocie le traité de paix et que Landru se fait arrêter, un cadavre est découvert au sous-sol d'un hangar abandonné de la gare Montparnasse, le visage atrocement mutilé.
Cornaqué par l'inspecteur principal Robineau, héros de la Grande Guerre, François-Claudius Simon, jeune enquêteur à la brigade criminelle, lui-même rescapé des tranchées, se voit confier là sa première affaire. Bientôt, les meurtres se succèdent, suivant le même rituel macabre : non content d'exécuter ses victimes, l'assassin les transforme en «gueules cassées», ainsi qu'on nomme les poilus revenus du front défigurés. Pourquoi cet acharnement ? Pourquoi l'horreur après l'horreur, comme si le meurtrier voulait infliger aux autres ce que la guerre lui a fait subir ?
Derrière cette valse des gueules cassées, c'est un autre genre de danse, tout aussi macabre, que François-Claudius va découvrir, apprenant au passage qu'en matière de crime il ne faut jamais se fier aux apparences...



Ce que j'en ai pensé :

C'est déjà avec plaisir non dissimulé que j'ai ouvert ce livre. Je connaissais déjà l'écriture de Guillaume Prévost pour avoir lu deux de ses ouvrages auparavant et à chaque fois j'avais été ravie. Je suis partie très confiante et avec plein d'excellents souvenirs concernant notre dernière rencontre (la troisième déjà) au salon du livre de Paris en mars 2011.

Dès les premières pages de ce roman, "La valse des gueules cassées", j'ai pensé à une vieille série télévisée que je regardais avec entrain quand j'étais enfant : "Les brigades du tigre". Il existe également un film sorti plus récemment (2006) avec comme acteurs Clovis Cornillac, Diane Kruger…
Et oui, nous avons quoi ? 11 ans d'écart, nous sommes historien de formation tous les deux et donc forcément, il se peut que nous ayons pas mal de références culturelles en commun. 



La série donc je vous parlais juste un peu avant étant connue pour sa rigueur historique (autant que cela était possible). Et si je me permets d'être un peu légère et d'affirmer nos points communs, c'est qu'à chacune de nos rencontres au salon du livre à Paris, j'ai senti l'ouverture d'esprit de Guillaume Prévost et sa facilité à plaisanter. Et si j'osai une dernière (ou pas) affirmation, je dirai que c'est un formidable touche à tout (il a abordé des périodes historiques très différentes dans ses précédents romans), mais là, avec cette saga qui débute avec ce premier volet des aventure de François-Claudius, j'ai senti qu'il avait peut-être trouvé son saint Graal, "son précieux" (ref au "Seigneur des Anneaux") dixit Guillaume Prévost himself lors de notre ultime entrevue.
Après lecture complète de cet ouvrage, je pense qu'il a parfaitement raison… Mais cela n'engage que moi (pour le moment).

Guillaume Prévost décrit admirablement bien l'ambiance qui règne en 1919 dans les rues de Paris.
La guerre est finie ou presque. Tous les hommes ne sont pas encore revenus chez eux et il va falloir faire face à la difficile période de l'après-guerre. Rien n'est véritablement simple sauf peut-être pour quelques nantis, mais pour tous les autres… Il y a la pénurie, les blessés (les gueules cassées), les morts et donc tous ces bras qui sont perdus à jamais, les négociations pour le traité de paix (le fameux traité de Versailles)… Et en même temps, la France entre dans une nouvelle ère, celle de l'industrialisation et du progrès dans cette sortie de guerre. Tout est à faire, à refaire et les conditions ne sont pas les meilleures… Cependant, on innove pour soigner les blessés, les gueules cassées entre autre avec des prothèses inédites, mais pas seulement.
On voit par exemple l'importance que peut déjà prendre la police scientifique dans ce roman. On n'est pas encore dans les "Experts de Paris de 1919", mais quand même, c'est assez bluffant pour celles et ceux qui connaissent les séries. Encore un clin d'oeil de la part de Guillaume Prévost ? Possible, mais c'est aussi tout simplement une réalité historique. La science avance sans cesse et même si les moyens ne sont pas encore ceux que l'on connait, force est de constater que quand même, c'était déjà une énorme avancée.
Vers la fin de l'ouvrage, vous trouverez encore d'autres allusions à des héros connus de nous tous via une série de films, mais je n'en dirai pas plus, lisez pour savoir de qui il s'agit !!!! (Je suis au moins aussi machiavélique que lui ou presque).

Dans "La valse des gueules cassées", on trouve une belle galerie de portraits et l'un de ceux qui va le plus nous intéresser, c'est celui de François-Claudius (le héros récurent de cette saga naissante).
C'est un jeune homme qui est revenu des tranchées un peu plus tôt que d'autres car il a été blessé. Il garde des séquelles de ce passé militaire pour défendre la  mère patrie : des migraines affreuses. Mais il a, hélas, d'autres cicatrices qui sont plus anciennes et néanmoins encore vives. Je préfère ne pas trop en dire et vous laissez le soin de découvrir tout cela durant votre propre lecture car oui, je vous recommande vivement ce roman qui mêle habillement la réalité historique d'une époque donnée et des intrigues policières.

Un style d'écriture qui devrait convenir à un large public car même si l'ouvrage est écrit par un authentique historien (professeur de son état), ce n'est pas un cours que l'on vous propose ici (bien que chaque élément s'intègre avec précision et pédagogie même), mais bel et bien un divertissement qui se veut instructif en même temps. Oui, on peut apprendre pas mal de chose tout en prenant du bon temps et c'est même ainsi que l'on les mémorise le mieux donc ne vous privez pas.

Comment cela vous n'êtes pas encore chez votre libraire ? Oust et plus vite que cela !!!!!!


Et s'il fallait mettre une note : 17/ 20



Les bonus :

Un portrait de Guillaume Prevost par lui-même, c'est encore mieux et c'est en vidéo ici : http://www.versailles.fr/outils/versailles-tv/video/guillaume-prevost/

vendredi 27 janvier 2012

Une histoire inédite de Nightshade : Les jours fantômes d'Andréa Cremer


Le livre :

Une histoire inédite de Nightshade, tome 0 : Les Jours fantômes de Andrea Cremer, chez Gallimard (jeunesse) 423 KO (format pub)
Une version gratuite est disponible sur la Toile (voir les bonus)

Pourquoi ce livre ? :

Je ne suis pas une très grosse lectrice de littérature jeunesse. Certes, je ne me refuse jamais une lecture simplement parce qu'elle est cataloguée dans tel registre ou un autre, mais le fait est que je n'en lis pas plus que cela. Suis-je devenue si vieille ? Possible, mais j'espère sincèrement bien que non.
Si j'ai choisi de lire ce tome 0, ce préquel (Emprunt de l'anglais prequel, lui même un néologisme des années 1970, formé du préfixe pre- (avant) et contraction du mot sequel (suite), du latin sequere, (suivre) ; ce serait donc une « pré-suite ». Par exemple : Par rapport à Star Wars épisode 4, les épisodes 5 et 6 sont des suites, et les Épisodes 1, 2 et 3 sont des prequels.), c'est tout simplement parce qu'il m'était offert comme contenu gratuit dans ma liseuse (mon KOBO) lors de son achat. Je n'ai pas choisi, mais on refuse rarement ce qui est offert. Au pire, on y oublie dans un coin.
Seulement voilà, je suis d'une nature plutôt curieuse et comme il parait que la saga "Nightshade" a fait couler bien de l'encre ou user quelques claviers, je souhaitais savoir de quoi il retournait vraiment. J'aurai été chagrinée de savoir que je passais à côté d'excellentes lectures.


Le pitch :

Shay vient d'emménager chez son oncle Bosque, dans une immense maison familiale, à Vail, mais il ne connaît pour l’instant pas encore l'existence de Calla, ni des loups (que l'on retrouve dans les tomes suivants de la saga). Il est donc seul...
Cette solitude forcée n'est guère agréable au milieu des étranges collections que renferme la demeure où il s'est installé et ce d'autant plus qu'il est réveillé tous les jours à l'aube par un bruit fracassant qu'il ne parvient pas à identifier. Heureusement, il peut compter sur l'aide à distance de ses amis fidèles grâce à Internet, Facebook et son blog pour résoudre les mystères que renferme la maison et notamment ceux enfermés dans la bibliothèque.
Mais est-il vraiment prêt à découvrir ce qui s’y cache ? Rien n'est moins sûr…


Ce que j'en ai pensé :

Ce préquel n'est disponible qu'en version numérique, inutile de chercher à l'obtenir en version papier sauf si vous décidez de l'imprimer vous-même (83 pages quand même) à partir de la version PDF.
Je l'ai eu comme je vous l'ai dit en format epub, en cadeau lors de l'achat de ma liseuse (modèle KOBO) en décembre dernier. Je l'ai donc lu sur ce support et non pas sur mon ordinateur. Ce fut d'ailleurs bien plus reposant pour mes pauvres yeux !

Pour en revenir véritablement au contenu de cette histoire, j'avoue que cela se lit très vite. C'est un peu normal, cela s'adresse à des adolescents donc pour moi, l'adulte (en théorie), c'est un peu simpliste, mais pas foncièrement déplaisant non plus. J'ai lu pire que cela, je vous assure !
Comme je ne connais rien de la saga, j'y entre toute en douceur et certainement que je suis moins déçue que celles et ceux qui connaissent déjà la suite. Je trouve que certes, il y a des blancs, des manques, mais je peux imaginer qu'ils seront comblés par la suite justement. C'est l'avantage ou l'inconvénient de débuter ma découverte par le préquel.

Au niveau du style, ce n'est pas trop mauvais, même si je pense que la traduction laisse parfois un peu à désirer. Est-ce la même que pour les versions papier des tomes 1 et 2 ? Je ne saurai vous répondre.
C'est assez frais, très léger et fluide. Il est clair que cette lecture ne m'a pas trop fatigué, mais parfois, cela fait du bien.

Dans ma version epub, j'ai même eu quelques petits soucis de présentations (minimes), des fautes de frappes (des espaces manquants par exemple). Rien de bien dramatique, mais c'est un peu dommage de trouver de telles coquilles pour une si grande maison d'édition. Je sais également qu'il s'agit d'une version offerte gracieusement, mais cela ne donne pas forcément une bonne image de Gallimard quand on note le manque de soins apportés à cette version. Enfin, je dis cela, je ne dis rien…

L'action est peu présente, l'ensemble du récit est très linéaire et ce n'est qu'à la toute fin de ce préquel que l'on rentre enfin dans le coeur du sujet. Tout ce qui précède est donc une simple mise en bouche, un décors que l'on dresse. C'est bien, mais du coup, on est un peu frustré. Est-ce pour mieux nous faire craquer et investir dans le tome 1 ? C'est certainement le cas, mais pour ma part, je n'achèterai pas cet ouvrage. Je crois que je n'aime pas assez cet univers pour vouloir y mettre une partie de mon budget "achat de livres". Si je le trouve à emprunter en médiathèque, pourquoi pas, mais ce n'est pas certain.
En effet, je n'ai pas senti que cette saga allait révolutionner son genre littéraire. J'ai eu plus la sensation de lire une histoire vue et revue. Ceci dit, je me trompe peut-être puisque je ne me base que sur ce préquel.
De plus, par instant, j'ai trouvé que l'auteur allait un peu vite en besogne et sautait des étapes. J'aime bien quand on simplifie les choses, mais point trop n'en faut non plus ! Dommage…

Je ne sais pas trop si je dois vous recommander cette lecture ou non. Après tout, vous ne risquez pas grand chose, elle est disponible gratuitement et vous pourrez ainsi vous forger votre propre avis.
Alors lancez vous si le coeur vous en dit…


Et s'il fallait mettre une note : 12 / 20


Les bonus :

Version gratuite et lisible en ligne ou enregistrable en version PDF sur votre disque dur : http://www.edenlivres.fr/p/3260050690669

Vidéo de présentation de la saga, pour son lancement :



Vidéo d'une série qui reprend 'intrigue de la saga littéraire :

lundi 23 janvier 2012

Le quai de Ouistreham de Florence Aubenas


Le livre :

Le quai de Ouistreham de Florence Aubenas, disponible aux éditions de l'Olivier, 19 €, 269 pages.
Existe aussi en version de poche, chez Points, 6 € 50, 238 pages.
Disponible aussi en version électronique. C'est celle-ci que j'ai lu.
   

Pourquoi cette lecture ?

Lectrice depuis le mois de décembre sur une liseuse (je n'en ai pas pour autant complètement abandonné le format papier car je l'apprécie aussi, mais disons que je fais également évoluer ma façon de lire, je m'adapte à mon époque car le progrès n'est bien que si on l'accepte pour justement faire disparaitre ses défauts par de nouvelles innovations), je recherchais de quoi alimenter celle-ci quand on m'a fait connaître le club des lecteurs numériques.
Un partenariat et hop, me voilà donc en train de lire la version numérique de l'ouvrage de Florence Aubenas.
Je tiens tout de même à préciser que ce livre, je l'avais déjà repérer depuis sa toute première sortie et qu'il était bien présent dans ma wish-list (liste de livres que je souhaite lire un jour). C'est donc avec plaisir que j'ai saisi cette opportunité de lecture contre une critique.



Le pitch :

Désireuse de saisir au plus près la réalité sociale de la crise, Florence Aubenas s'est immergée pendant six mois dans le quotidien d'une travailleuse précaire.
Sans autre qualification que le baccalauréat sur son CV, elle s'inscrit au Pôle Emploi de Caen. Son objectif : décrocher un CDI. Elle devient alors "agent de nettoyage" et enchaîne les heures par-ci par-là. Dans son livre, elle témoigne de la misère ordinaire de la France d'en bas. Un document exceptionnel qui a dévoilé le vrai visage de la crise.


Ce que j'en ai pensé :

J'ai pu faire deux bonds dans le passé de ma vie personnelle avec cette lecture qui n'est absolument pas un roman, mais bel et bien un compte rendu journalistique d'une immersion en situation réelle. Un travail d'investigation à grande échelle et qui implique fortement la journaliste puisqu'elle "mouille" vraiment sa chemise comme on dit par chez moi. Elle va payer de sa personne et le résultat final est à la hauteur.
Oui, j'ai eu l'impression de revivre très clairement des souvenirs très vivaces de mon histoire personnelle grâce à ce livre (ebook en l'occurrence puisque je l'ai lu sur mon KOBO - ma liseuse). Cette expérience vécue par Florence Aubenas est assez récente puisqu'elle remonte à 2010, mais ce qui touche à mon expérience est plus ancien : entre 1999 et 2005. Cela signifie hélas que la situation ne s'est donc pas amélioré puisque l'on évoque des situations de fortes précarités. D'ailleurs, l'actualité dans les différents médias n'est que trop rarement porteuse de bonnes nouvelles dans ce domaine.

Je tiens à vous rassurer, je n'ai jamais connu une telle précarité, mais je l'ai vu, je l'ai connu et je l'ai hélas côtoyé pour des raisons professionnelles.
Entre 1999 et 2001, j'ai vécu dans les Ardennes. Je puis vous assurer que la fermeture des industries dans le département déjà assez pauvre n'avait fait qu'aggraver une situation économique préoccupante. J'y ai vu des familles dignes, mais dans une réelle détresse. J'y ai vu aussi des comportements surprenants, éloigné de toute logique, mais découlant juste de ce manque de stabilité financière des ménages. La misère pousse à tout, même parfois à l'impensable !
Entre 2001 et 2005, j'ai vécu dans les Bouches du Rhône. Autre lieu, autre région, autre problématique de l'emploi à peine différente, mais j'étais employée alors à l'ANPE (l'une des deux administrations qui ont fusionné - avec les ASSEDIC- pour donner naissance à l'actuel Pôle Emploi) : le chômage, c'était mon gagne pain ! Hélas.

Les expériences, les situations, les inquiétudes que Florence Aubenas va raconter dans son ouvrage me sont donc familières à plus d'un titre.
Vous aussi, vous verrez, cela vous sera familier car c'est du vu et revu dans pas mal de reportages ou tout bêtement autour de soi avec des proches. Le passage à l'écrit fait que cela marque peut-être plus les esprits car on s'y attarde un peu plus longuement. On est galamment moins passif, on est plus acteur puisque nous devons fournir déjà l'effort de lire.
Parfois, quand même, on se dit qu'elle exagère, que les gens que Florence Aubenas a côtoyé n'ont pas pu dire ou faire cela ou ne pas se révolter contre telle ou telle injustice. Mais pourtant, je puis vous assurer qu'hélas, c'est bien ainsi que cela se passe dans la réalité. C'est sans doute ce qui fait que l'on sort de cette lecture, non pas résigné, mais encore plus indigné que jamais.
Mon expérience remonte au plus tôt en 2005, celle de Florence Aubenas à 2010. Nous sommes en 2012 et rien n'a changé, c'est même pire. Mes anciens collègues me le disent bien et voilà aussi l'une des raisons qui a fait que je n'ai jamais repris mon poste ou un similaire. Faire du social ok, mais du chiffre et de l'abattement, non merci. Je veux pouvoir me regarder en face dans un miroir, donc j'assume mon choix de n'avoir pas replongé (j'ai aussi eu l'opportunité de me le permettre même si les fins de mois ne sont pas glorieuses).

L'indignation, c'est très bien, c'est à la mode (voir "Indignez-vous" de Stéphane Hessel). On se demande à quoi elle peut servir… Elle n'apporte pas grand chose, parfois même que des ennuis, mais se taire serait quand même pire encore, donc pour ma part, je vais le dire haut et fort : il est indigne de notre pays, de n'importe quelle nation d'ailleurs de traiter des personnes, des familles entières de la sorte ! Des solutions sont toujours possibles, envisageables, même si elles peuvent être longues et difficiles à mettre en place. On ne peut pas laisser des êtres humains dans une telle détresse, une situation de pauvreté économique qui conduit à une pauvreté plus générale : celle de l'âme ensuite.

Je ne puis que vous recommander de lire ce livre qui ne vous apprendra peut-être pas grand chose, car justement on sait fort bien que cela ne va pas bien dans notre pays au niveau de l'emploi, mais faire comme si cela n'existait pas, ou faire comme si cela était presque normal, non !
Lire n'a jamais eu autant de sens.
Lire, c'est s'informer. Florence Aubenas a tenter cette expérience pour justement nous donner des informations depuis l'intérieur, depuis le front de la survie des précaires. A nous de les digérer et de faire en sorte que les choses bougent. Nous entrons bien en période électorale ? Notre pouvoir est dans notre bulletin de vote par exemple. Ne dîtes pas que l'on ne peut rien faire. Ne dîtes pas que vous ne saviez pas !

L'écriture est journalistique, cela se lit aisément, ce n'est pas de la grande littérature, mais justement, c'est peut-être une qualité plutôt qu'un défaut dans ce cas précis. C'est comme un immense reportage. Même ceux qui ne lisent pas de livres d'ordinaire peuvent très bien se lancer.
La réalité dépasse hélas de loin la fiction.
N'oublions pas qu'il ne s'agit pas de personnages fictifs cette fois, ces hommes et ces femmes existent bel et bien. Rendons leur hommage et leur dignité en parlant de leur quotidien.
L'enfer est peut-être, même surement déjà sur Terre.


Et s'il fallait mettre une note : 15 /20



Bonus :

La fiche Wikipédia de Florence Aubenas, l'auteur de ce récit : http://fr.wikipedia.org/wiki/Florence_Aubenas

Une interview de Florence Aubenas de 35 minutes qui présente son livre, mais aussi explique sa démarche journalistique et surtout humaine :


Interview de Florence Aubenas : l'intégrale par rue89


La fiche Wikipédia de l'ouvrage : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Quai_de_Ouistreham

mercredi 18 janvier 2012

Touriste de julien Blanc-Gras


Le livre :

Touriste de Julien Blanc-Gras aux édition Au Diable Vauvert, 17 €,  259 pages.


Pourquoi cette lecture :

Pour une fois, ce n'est pas un partenariat, ni même un ouvrage découvert par le biais de "La grande librairie" (émission littéraire du jeudi soir sur France 5).
Non, c'est tout bêtement un titre que j'ai repéré dans ma sélection Vigilibris (sélection de nouveautés littéraires qui arrive chaque semaine dans votre boite mail par le biais des librairies Decitre. Parfait pour se tenir au courant de ce qui sort justement dans les rayonnages.). Un livre que j'avais ensuite noté dans ma longue wish-list (un petit cahier plein, mais que je n'avais pas encore acheté car oui, j'essaie de tenir mon budget quand même).
J'ai sans doute bien fait puisque c'est sur les étagères de la médiathèque d'en bas de chez moi que je l'ai déniché.


Le pitch :

Obsédé par les cartes, le narrateur décide de visiter tous les pays du globe.
Des favelas colombiennes aux hôtels clubs tunisiens, en passant par les karaokés du Yang-tsé-Kiang, les villages oubliés du Mozambique, les vagues polynésiennes, les plateaux de Bollywood, le tumulte du Proche-Orient et même par la Suisse, ce promeneur globalisé nous guide à travers l’inépuisable diversité des mondes.


Ce que j'en ai pensé :

Celles et ceux qui me connaissent doivent se dire que j'avais bu le jour où j'ai choisi ce livre. Avec un titre pareil et vu les horde de touristes qui envahissent ma ville chaque jour (365 jours par an), j'ai en effet développé une certaine hargne envers les touristes. Ils sont un mal nécessaire parfois et on est forcément un jour ou l'autre, le touriste pour les autres, mais trop, c'est trop quand même.
J'espérais trouver autre chose dans ce livre et je crois bien que je l'ai effectivement débusqué. J'ai fait confiance à cette maison d'édition : Au Diable Vauvert, qui en général possède un catalogue qui se démarque un peu du reste qui nous proposé. Le contenu de cet ouvrage est lui aussi un peu part et presque je pourrais dire que le titre est mal choisi ou ne représente pas vraiment ce récit qui nous est offert.

"Touriste" n'est pas véritablement un roman, mais plus un témoignage. Il en a la saveur en tout cas. 
Amoureux des cartes et des atlas depuis son enfance, les voyages sont devenus nécessaires, vitaux presque. On le devine au chapitre assez court, mais très explicite intitulé : Interlude parisien, où l'on atterrit dans la vie normale. L'auteur/narrateur ne tient pas en place, il a la bougeotte et souhaite visité chaque pays que comprend notre Terre. Plus qu'une passion, c'est un style de vie car Julien ne voyage pas vraiment comme un touriste, du moins pas comme ceux que l'on peut se représenter facilement et mentalement. Son look tiendrait plus du baroudeur et ses habitudes de l'aventurier soft (car il reste proche de nous, il n'a pas vraiment les instincts d'Indiana Jones, ni même ses réflexes : il est mort de trouille quand il rencontre par inadvertance un babouin dans la forêt).
Ne cherchez surtout pas Julien dans un club de vacances ou sur une place paradisiaque d'une destination de rêve. Non, ce qui le passionne, c'est découvrir les nations et leurs habitants dans leur jus. Cela entraine des situations cocasses ou tragiques parfois et c'est ce qui donne toute sa saveur à cette lecture. Sa raison d'être également.

Un chapitre égale une destination, une expérience, un voyage, une découverte.
Pour les non-voyageurs du lointain comme moi, c'est une sacré occasion de voir du pays et pas seulement à travers un prisme déformant ou réducteur. Là, on parle de la pauvreté, de la véritable, de la misère, de la réalité de la vie pour une grande majorité de l'espèce humaine.
On y découvre aussi les richesses de ces populations qui ne sont sans doute pas les nôtres, mais qui n'en sont pas moins valides et sans aucun doute plus authentiques. On aurait tant à apprendre des autres…
On imagine toute la beauté de ces paysages si différents et si semblables parfois. On envie quelques fois Julien, mais je sais que non, je ne pourrai pas vivre ou voyager comme lui. Ce n'est pas fait pour moi, mais son livre oui. Son mode de pensé me convient parfaitement, on réfléchit de manière assez proche, lui ayant certes une expérience du terrain que je ne possède pas.

Je disais un peu plus haut que le titre : "Touriste" ne convenait pas tout à fait à ce récit. Je maintiens mes propos car un homme qui part, qui bosse sur place, qui s'intègre dans la population pour vivre pleinement son voyage, je n'appelle pas cela un touriste. Il n'est pas collé à son appareil photo, il hésitera à s'en séparé même et puis un jour… Il visite les monuments, mais pas les plus populaires, pas les incontournables, il est plus sélectif, déjà différent et ça j'aime beaucoup.
Je pense que "Le voyageur ou le découvreur du monde" aurait été un meilleur titre, mais ce n'était peut-être pas le plus vendeur non plus.

Côté style, c'est une lecture vraiment agréable car le ton est familier, amical. On a l'impression d'être avec un copain que l'on n'a pas vu depuis des lustres et qui enfin nous raconte toutes ses aventures. Cela se lit tout seul et on apprend beaucoup.
On s'amuse aussi, un peu comme pour la couverture du livre qui se veut un brin loufoque. J'aime bien cet esprit.
C'est simple, sans grandes fioritures, véritablement à l'image de ses périples. On est loin du standardisé, du luxe (sauf une fois, mais c'est justement encore plus amusant à lire ensuite), du stéréotypé… On sort des sentiers battus.
Une lecture qui dépayse, qui fait du bien car elle aère un peu nos esprit trop englués dans notre routine.
Et pourtant, on ne fait que passer dans ce monde alors… Regardons-le !!!!!  Regardons-le vraiment !!!!!




Et s'il fallait mettre une note : 16 / 20



Les bonus :

La fiche Wikipédia de Julien Blanc-Gras : http://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_Blanc-Gras

La page Facebook de l'ouvrage : https://www.facebook.com/pages/TOURISTE-de-Julien-Blanc-Gras/181621098555798

vendredi 13 janvier 2012

El ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly


Le livre :

El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly aux éditions La Contre Allée, 18€50, 212 pages.


Pourquoi ce livre :

Ce livre fait parti de ceux que j'ai pu recevoir dans le cadre de l'opération "Un éditeur se livre" organisé par Libfly. C'est le dernier de la liste.
Ce n'est donc pas un choix, mais une opportunité de lecture, de découvrir encore une fois la diversité des titres disponibles dans le catalogue de cette maison d'édition qui joue le jeu des partenariats.


Le pitch :


1888 – El Ferrocarril de Santa Fives, ou le voyage de Manuel Mauraens pour Santa Fe au départ de Lille.
Manuel Mauraens, ouvrier promu contremaître, s’ apprête à gagner l’ Argentine. Il y supervisera les travaux du chemin de fer ralliant Santa Fe à Tucumán. On le suit à l’ affût des auteurs de son temps, des comptes-rendus industriels, de la presse, des articles encyclopédiques, de tout ce qui annonce la nouveauté de demain. Le récit alterne épisodes en France et visions d’ une Argentine promise, celle où l’ on a redécouvert cent vingt ans plus tard une station ferroviaire baptisée Fives-Lille.
À l’ ombre tutélaire des maîtres oulipiens, l’ auteur s’ est attaché à ajuster la précision des formes poétiques aux techniques de la révolution industrielle.


Ce que j'en pense :

Ce livre n'est-il donc pas un pont tracé entre deux époques peut-être pas si dissemblable que cela ?
Il m'est arrivé de me poser la question car même si entre 1888 et 2012, le fossé est grand dans bien des domaines, il en reste encore des similitudes au niveau humain.
C'est ainsi que j'ai voulu le découvrir ce titre car j'avais été mise en garde par Jacques Jouet, auteur de la préface, cet ouvrage ne se laisserai pas aisément parcourir.
Je me suis donc mise en condition...

Hélas, il avait bien raison.
Le pari lancé par l'auteur était des plus audacieux car il avait pris le parti de mélanger les genres et les styles durant son écriture. Il faut donc au lecteur avoir les yeux et la cervelle bien accrochés pour tout suivre sinon la locomotive partira sans vous.
Je l'avoue sans honte, le livre était plus qu'ambitieux et je l'étais beaucoup moins. J'ai fais des haltes ici ou là, essayant de m'arrêter dans certaines gares pour reprendre mon souffle, mais il y eu des moments où je suis restée devant un mur de mots qui étaient presque inintelligibles (du moins pour mes neurones et ma sensibilité littéraire). A d'autres moments, j'ai pu percevoir des informations pas inintéressantes du tout et j'ai même apprécié quelques passages et autres fantaisies de vocabulaire (je pense par exemple au calligramme intitulé : Où est l'hacienda ?).
Cependant, je suis trop souvent restée à quai pour vous dire que j'ai pleinement apprécié tout cet ouvrage.

Reste toutefois le plaisir d'avoir lu un livre qu'assurément je n'aurai pas ouvert en d'autres circonstances. On apprend tous les jours et même si ce n'est toujours pas ma tasse de thé, cela reste un ouvrage à mettre en avant pour qu'il puisse trouver son public.
Je salue au passage la maison d'édition qui n'a pas choisi la facilité avec ce titre, mais qui au moins change un peu dans le paysage littéraire. On a besoin de ces titres pour ne pas oublier que la littérature est riche et que rien n'est jamais complètement standard, surtout pas l'écriture !


Et s'il fallait mettre une note : 10 / 20




Bonus :

Robert Rapilly écrit de la poésie depuis l'enfance.  Il anime des ateliers d'écriture avec l'association Zazie Mode d'Emploi, et dirige dans la Manche un festival oulipien : Pirouésie. Il écrit sans relâche et imprime parfois lui-même ses poésies aux Éditions du Camembert ou chez LaProPo, Laboratoire de Procrastination Potentielle.

Deux extraits de ce livre lu par l'auteur lui-même :



La fiche Wikipédia de Jacques Jouet, l'auteur de la préface : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Jouet

jeudi 12 janvier 2012

Mort à la Fenice de Donna Leon


Le livre :

La mort à la Fenice de Donna Leon aux éditions Pointsdeux, 11 €, 493 pages.


Pourquoi ce livre :

C'est encore un partenariat que j'ai eu avec Libfly qui avait organisé une nouvelle opération pour les dévoreurs de livres dont je fais parti : "Un poche, un(e) mordu(e), une critique".
Mon choix s'est porté plus particulièrement sur ce titre car j'aime bien lire des romans policiers, Venise est une ville que j'adore même si voilà fort longtemps que je n'y suis pas allée (3 séjours à mon actif dans la Sérénissime) et Donna Leon est un auteur que je souhaitais découvrir depuis un long moment déjà. Cela fait déjà pas mal, non ?
Mais il y avait une raison supplémentaire, je voulais également découvrir la collection Point2 des éditions Point. Et plutôt que de tout vous expliquer de manière maladroite de quoi il retourne, je pense que rien ne vaut mieux qu'une petite vidéo explicative :




Vous verrez, il y a une pointe d'humour que les inconditionnels de la firme Apple ne pourront pas louper ! lol

A voir aussi le site spécialement dédié à ces éditions :
Vous saurez tout alors sur ce nouveau format de lecture.


Le pitch :

Les amateurs d'opéra sont réunis à la Fenice de Venise.
Une sonnerie annonçant la fin de l'entracte retentit, les spectateurs regagnent leur place et le brouhaha s’estompe. Les minutes passent, le silence devient pesant : le maestro se fait attendre… Il gît dans sa loge, mort. Le commissaire Brunetti, aussitôt dépêché sur les lieux, conclut rapidement à un empoisonnement au cyanure. Dans les coulisses de l’opéra, Brunetti découvre, horrifié, l’envers du décor.


Ce que j'en ai pensé :

Beaucoup de découverte en même temps à faire avec ce titre.

Tout d'abord, il y a eu le format de lecture qui n'est pas conventionnel pour une édition papier, mais qui au final est assez agréable.
Le livre tient bien en main et lire de façon verticale comme cela peut être montré dans la vidéo (voir le lien dans la rubrique pourquoi ce livre) n'est absolument pas ennuyeux. On s'y fait très vite.
Le poids du livre est également une excellente surprise car c'est réellement un poids plume, plus qu'un livre de poche dit classique en tout cas.
Le papier est très fin, mais reste solide et ne se déchire pas facilement. J'avoue que j'avais un peu peur de cela de prime abord.
En résumé, la vidéo de présentation des éditions Point n'est pas mensongère, je regrette juste le prix un peu élevé pour ce format d'édition. Comptez 11 € pour le titre que j'ai lu : "La mort à la Fenice". C'est plus qu'un ouvrage de poche, mais moins qu'un grand format. Comment cela s'explique ? Des coûts liés au mode de production sans doute pour un format atypique qui va devoir trouver son public, à mon sens essentiellement urbain.

Seconde découverte, la saga dans laquelle s'inscrit ce titre "Mort à la Fenice".
C'est en réalité le tout premier donc pour moi cela tombe très bien. Je fais donc connaissance par le début avec celui qui sera le héros régulier de cette série : le commissaire Brunetti.
J'avoue que voilà un homme qui me plait bien. Il n'est pas particulièrement bel homme, ni même doté de qualités extraordinaires, mais il n'est pas sot, aime sa femme et ses enfants, mais a quelques griefs contre sa belle-famille, reste un Vénitien pure souche et se débat avec ses armes contre le crime et la stupidité de ses supérieurs. Voilà, je crois que j'en ai suffisamment dit sur lui sinon je vous gâcherai le plaisir de le découvrir par votre propre lecture.
Venise n'est pas seulement un cadre, un décors de belle facture. C'est aussi la ville où à élu domicile l'auteur (dès 1980), Donna Leon, et c'est aussi un personnage à part entière de cette saga. Du moins, c'est ainsi que je l'ai ressenti. il faut bien dire également que je suis une amoureuse de la Sérénissime, ville qu'il faut absolument découvrir et surtout en dehors des sentiers battus. Donna Leon la décrit fort bien, je m'y serai cru, je revoyais parfaitement les ruelles, les canaux, les vaporetto, le brouillard, les places…

Troisième découverte et non des moindres, le style de cette saga policière à travers ce titre.
Il est très agréable, même si j'ai pu noter ici ou là quelques petites incohérences qui me semblent plus être le fruit d'une traduction un peu limite que de véritables maladresses de la part de Donna Leon. Ce sont des détails infimes, mais comme je suis une lectrice assez lente (comprendre que je lis vraiment tout, mot à mot sans utiliser de technique de lecture rapide comme je le faisais dans le cadre professionnel dans lequel j'étais, il y a quelques années), je remarque ces défauts.

Dans l'ensemble, j'ai vraiment apprécié cette première enquête avec le commissaire Brunetti.
Il ne faut pas s'attendre à des moyens colossaux, à des rebondissements à chaque pages et des explosions avec des courses poursuites partout. Non, c'est une enquête linéaire avec un fonctionnaire de police qui mène de front sa vie professionnelle, mais également sa vie personnelle, de père de famille et de mari. Cela ressemble donc plus à un Simenon qu'à un Grangé.
Il n'est pas déplaisant parfois de prendre plus son temps, d'avoir une enquête humaine avant tout. C'est également plus réaliste. On ne fait pas un étalage de toutes les techniques scientifiques que l'on peut mettre en oeuvre pour résoudre une affaire. Je sais bien que dans ce cas précis, on n'est pas dans les "Experts" et puis la technologie était plus limitée aussi à cette époque (1992). On utilise donc surtout le téléphone, le train, les bateaux forcément (nous sommes à Venise)…
Et puis, le cadre même de l'enquête fait que l'on est un peu hors du temps. Venise n'est absolument pas une ville comme les autres. Son passé, sa richesse présente ou passée est partout.
Avoir également choisi la Fenice pour situer la première scène de crime était assez fort. La musique, les opéras voilà aussi tout ce qui contribue à l'image véhiculée par la Sérénissime. La victime, forcément étrangère, possédant un lourd passé, c'était bien pensé aussi.
Je me suis prise au jeu et même si j'ai découvert la vérité juste un peu avant Brunetti, c'est tout simplement parce que je n'étais pas perturbée comme lui par une belle archéologue…

Je vous engage vraiment à découvrir ce premier titre, "La mort à la Fenice", vous aurez alors un guide particulier pour vous faire découvrir ce que je considère comme étant la plus belle citée au monde, Venise et en plus, vous pourrez vous distraire avec une bonne enquête à l'ancienne…



Et s'il fallait mettre une note : 15 / 20




Bonus : 

Le site officiel de l'écrivain : http://www.donnaleon.fr/

lundi 9 janvier 2012

Un petit air de printemps... de jérôme Fagnoni


Le livre :

Un petit air de printemps… De Jérôme Fagnoni, aux éditions LU, 10€, 213 pages.


Pourquoi ce livre :

Comme toujours, c'est par curiosité que j'ai voulu découvrir cet ouvrage, mais cette fois-ci, j'avais en plus un tout autre motif : je connaissais l'auteur personnellement. Il s'agit d'un ami d'adolescence que j'avais perdu de vue pendant quelques années et que j'ai retrouvé via la magie (un moteur de recherche) de la Toile (merci Facebook pour une fois).
"Un petit air de printemps…" est la suite du premier roman (c'est un tome 3 en fait) que j'ai lu de Jérôme Fagnoni et commenté il y a quelques semaines déjà, mais ce ne sera assurément pas le dernier car j'ai eu un cadeau d'avant Noël un peu spécial : l'intégrale des oeuvres littéraires de l'auteur ! Pour moi, il n'y a pas de plus beau cadeau que des livres et si cela peut aider à faire connaître un ami alors, je saute à pied joint sur l'occasion ! Et même maintenant que nous sommes en 2012, je me dis que c'est un régal de pouvoir prolonger le plaisir de découvrir ces présents.
Cependant, mon avis sera aussi objectif que possible car je ne veux pas juste faire plaisir à mon ami. Ce ne serait d'ailleurs pas lui rendre un véritable service, si le roman était mauvais, que de lui dire à toute force le contraire. Donc à partir de maintenant, ce n'est plus l'amie qui va s'adresser à vous, mais plutôt la lectrice assidue, rodée en partie aux lectures critiques grâce à de multiples partenariats et quelques jury littéraires de lecteurs. Je vais essayer d'être aussi professionnelle que possible dans mon amateurisme.


Le pitch :

"Mais qu'est-ce qu'il fait chaud et qu'est-ce que la lumière est claire ici, presque aveuglante !"

Katy venait, sans s'en rendre compte, de pousser la lourde porte d'un bar et de s'avancer vers le comptoir. elle s'adressait à présent à un homme habillé tout de blanc qui nettoyait minutieusement un verre déjà bien propre. Droit comme un I, celui-ci lui souriait depuis son irruption.

"Ma petite dame, il faudra vous y faire. Mais en contrepartie, la température est agréable toute l'année ! "

Une question la titilla cependant en regardant autour d'elle.
Pourquoi était-elle venue dans ce bar ?


Ce que j'en pense :

Voilà une lecture qui va être un peu complexe à vous présenter et à commenter car il faut absolument que je garde intact le suspens de ce texte qui fait suite aux deux premiers romans de Jérôme Fagnoni.
"Un petit air de printemps…" clôt cette trilogie de manière brillante pour ne pas dire lumineuse. Mais quelle galère donc pour en parler sans rien dévoiler. Pour un peu, je vais avoir le trac de la page blanche. Ahhhh Merci les copains !!!!!!
Alors je vais essayer d'être méthodique, voir un peu scolaire pour parler de ce qui peut être révéler et me censurer pour le reste. Ahhhh, aimez la lecture qu'ils disaient !!!!!

D'un point de vu purement stylistique, je dirai que ce troisième volet est sans doute le meilleur.
On trouve beaucoup moins de maladresses (le métier rentre à force d'écrire sans aucun doute et Jérôme a pris également plus confiance en lui, ça je le ressens durant toute la lecture), l'auteur se relâche un peu plus pour être moins guindé, plus en phase avec ce qui lui traverse l'esprit. Il n'est jamais évident de retranscrire une idée sur le papier, mais j'ai l'impression que cette fois, ce fut plus aisé pour lui. Si ce ne fut pas le cas alors bravo parce que l'effort ne se sent pas durant la lecture et ça, c'est très bien pour nous qui sommes de l'autre côté de la page.

Il y a plus de recherches également.
Je trouve les citations bien trouvées et surtout elles s'insèrent parfaitement dans ce texte contemporain qui se veut également spirituel. Non, ne fuyez pas, ce n'est pas non plus un écrit avec une vision sectaire, c'est assez large comme ouverture, même si l'ensemble repose essentiellement sur les croyances judo-chrétiennes de notre société.
C'est une belle leçon de choses (d'amour aussi et qu'est-ce qui est plus important que l'amour, hein ?) qui nous est offerte avec en prime des petites pointes d'humour qui font que l'on ne s'ennuie point. On peut nous aussi prendre le temps de réfléchir à ce l'on fait dans notre propre existence. Les personnages ne sont pas que des prétextes, mais il est aisé de se substituer à certains (pour d'autres, je n'aurai point cette prétention).

Hélas, parce que oui, fallait bien que je critique un peu aussi, dès les premières pages, j'ai su où Jérome voulait nous conduire. Je n'ai pas été surprise du tout, mais cela ne m'a pas empêché de lire son roman d'une traite. Ce n'est pas parce que l'on devine la fin que l'ouvrage est mauvais ! Il y a l'art et la manière d'amener les choses et j'ai été contentée. On aurait pu craindre les discussions de comptoir, mais non, l'écueil a été évité avec brio.
Je crois vraiment que connaître l'auteur de manière personnelle (même si nous sommes restés de nombreuses années sans aucun contact) m'a défavorisé. Que voulez-vous, quand vous connaissez le mode de penser d'une personne, vous ne sautez plus en l'air à chacune de ses réflexions, vous les anticipez parfois. Et bien, c'est ce qui s'est passé pour moi dans le cas de cette lecture.
Cependant, ce n'est pas parce que moi, j'ai tout deviné que pour vous il en sera de même ! Et puis, je le dis et je le répète, même en sachant où j'allais, je me suis laissée portée par la magie. On a beau connaître le truc, on veut y croire parce que c'est beau, parce que cela fait réfléchir en douceur, parce que cela nous remet aussi un peu en question.

Non, je ne vous parlerai pas des personnages que l'on voit dans ce récit, cela fait parti de la surprise. Motus et bouche cousue !

Le cadre et l'ambiance ? Parfaitement conforme, mais là aussi, je ne puis rien vous dire sans déjà lever une partie du voile, donc non je dirai rien de plus.


Lisez la trilogie, cela vaut le détour et si vous êtes de la même génération que nous (des trentenaires se dirigeant doucement vers la quarantaine sans se presser), vous trouvez alors plein de références qui vous feront sourire, vous rappellerons sans doute de bons souvenirs et feront aussi que pour un jeune d'aujourd'hui comme Kev Adams, vous êtes un vieux (au-delà de 35 ans, vous avez largement dépassé la date de consommation pour lui, arg, c'est dur parfois à entendre ça !!!!).
La plume de Jérôme progresse et j'en redemande encore des romans comme ceux-là. Je ne sais pas si dans 150 ans, on en parlera encore, mais dans les grands tirages qui encombrent les rayonnages de nos librairies, il y a bien pire donc n'hésitez pas à soutenir un auteur qui peine à se faire connaître. Sortir des sentiers battus n'a jamais été aussi facile qu'aujourd'hui avec les médias que nous avons à disposition donc laissez-vous tenter et forgez-vous votre propre opinion.


Et s'il fallait mettre une note : 16 / 20




Les bonus :



Le blog de l'auteur pour mieux le découvrir car oui, il n'a pas sa langue dans sa poche et il y exprime ses idées. Venez vous aussi enrichir le débat : http://www.jerome.fagnoni.fr/
C'est également là que vous pouvez contacter l'auteur pour lui commander les ouvrages (les tomes 1,2 et 3) de cette intrigue ainsi que ses essais.

vendredi 6 janvier 2012

le voyage du prince Tudorpah de Gilles Leroux


Livre :

Le voyage du prince Tudorpah de Gilles Leroux, François-Marc Baillet , Denis Teste , Jean-Paul Le Goff , Arthur H (Narrateur), chez Eveil et Découvertes, 22 €, 44 pages.


Pourquoi ce livre :

C'est lors de sa dernière édition spéciale jeunesse de l'opération Masse Critique chez Babélio que j'ai postulé pour recevoir ce livre-CD en partenariat. Je pensais que cette histoire pourrait plaire à mes deux filles de 9 et 6 ans. L'une la lirait seule et l'autre écouterait plus volontiers la version audio disponible sur le CD joint à cette édition. Elles se rejoindraient ensuite pour les chansons / musiques disponibles en bonus.
Voilà un titre dont elles pourraient parler ensemble.


Le pitch :

Ce conte emprunte à la tradition du conte musical indien, du conte oriental et des classiques européens.
Il est le fruit de la rencontre de trois auteurs, musiciens, comédiens, producteurs, bien décidés à mélanger, les mots, la musique et les voix. Sur le CD: texte intégral du récit interprété par le musicien et chanteur Arthur H. Le sommeil est plus précieux qu'on ne le croît et le pouvoir de la musique est plus fort qu'il n'y paraît. Une menace pèse sur le Royaume des Nuages Roses. Son jeune Prince a perdu le sommeil.
Pour le retrouver il devra partir en quête d'une remède, loin de son palais. En chemin, il rencontrera des personnages incroyables, des dangers, de la magie et la musique qui sait apaiser les âmes troublées...

Ce que j'en ai pensé :

En recevant "Le voyage du prince Tudorpah", j'ai surtout pensé à mes filles bien que je savais que je viendrai aussi à en parler aux autres (parents ou grands amateurs de littérature jeunesse pour des raisons professionnelles ou personnelles) et je fus heureuse de constater qu'en plus d'être un titre attractif avec une couverture fort sympathique, le livre (l'objet) était de fort belle facture.
Le cartonnage est solide et permet ainsi de confier sans trop d'angoisse ce dernier à ses enfants. Il se cornera sans doute sous les coups et les chutes, mais tant pis les pages intérieures seront bien protégées.
Les illustrations de la jaquette et de la quatrième de couverture nous invitent immédiatement au voyage et c'est tant mieux puisque justement, il en est question de partir dans un long périple ! On devine que le jeune homme avec le turban blanc au centre est le jeune prince Tudorpah. Les deux personnages qui l'entoure sont eux aussi engageants. On est presque prêta partir avec eux à l'autre bout du monde. Le décor est également fort travaillé avec des couleurs chaudes et des balustrades qui font référence à des contrées plus exotiques que la notre.

Le CD est dans une petite pochette plastique transparente qui ne déforme pas le livre en le gonflant. L'ensemble se rangera donc très facilement dans une petite bibliothèque sans prendre plus de place qu'un autre livre illustré.
Le CD et le livre vont de paire et on les range ensemble facilement. Le CD est bien à l'abri derrière la couverture solidement cartonnée.

Le grammage ou la force du papier est d'excellente facture également. Les pages résisteront dans le temps et offrent en même temps une belle restitution des illustrations qui elles-mêmes ne laissent pas un seul recoin de papier vierge. C'est très beau, c'est magnifique même et l'on se sent happé par ces lieux magiques.
Le texte est bien présent aussi. Une police de caractères bien choisie nous conforte dans notre sentiment de voyager rien qu'à travers les mots. La variation de la taille des caractères est aussi esthétique qu'utile pour guider le jeune ou le moins jeune lecteur. Les adultes relèveront quelques pointes d'humour qu'eux seuls pourront comprendre (par exemple : le ministre Temhestaat, Monkimane..)

Seul petit bémol, reste le prix de cet ensemble : 22 €.
C'est le prix moyen pour une nouveauté littéraire, mais pour les parents, cela peut être un frein à l'achat. En revanche, c'est un très beau cadeau que l'on peut faire à un enfant ou pour toute une fratrie. Après vous avez une autre alternative moins coûteuse que je vous dévoile dans les bonus, mais qui est d'aussi bonne facture, il faut juste changer de support.

La musique, la voix d'Arthur H et celles des autres acteurs, les musiques et les bruitages forment un tout digne des grandes productions. On est vraiment parti avec le prince Tudorpah…
La voix d'Arthur H, comme narrateur, est parfaite pour ce conte. Son timbre vous fera frissonner, même vous les grands.
Un ouvrage à lire autant qu'à écouter.


Et s'il fallait mettre une note : 18 / 20.




Les bonus :

Le site officiel de ce titre : http://www.prince-tudorpah.com/
Autant pour le découvrir que pour prolonger le plaisir de ce livre.

Une application iPad est maintenant disponible sur iTunes : http://itunes.apple.com/fr/app/tudorpah/id463472202?mt=8&ls=1
Son prix est de 3€99.
C'est une alternative à l'achat du livre-CD et une autre manière d'aborder ce conte.

jeudi 5 janvier 2012

ça nous apprendra à naître dans le Nord


Le livre :

ça nous apprendra à naître dans le Nord d'Amandine Dhée et Carole Fives, aux éditions La Contre Allée, 13 €, 96 pages

Pourquoi ce livre :

C'est parce que je participais à l'opération "Un éditeur se livre" organisée par Libfly.com que j'ai reçu cet ouvrage en partenariat.
Ce n'était donc pas vraiment un choix, mais une opportunité pour faire une nouvelle découverte littéraire. Et ça, j'aime beaucoup !!!!



Le pitch :

Les tribulations de deux auteurs au caractère bien trempé, aux prises avec une commande d’écriture à quatre mains sur un quartier à l’histoire ouvrière en berne.
On s’amuse des rendez-vous ritualisés qu’elles se fixent dans tous les cafés du coin pour y faire le point sur l’avancée de leurs investigations. Un comique de situation largement exploité dans leurs échanges à bâtons rompus autour d’une histoire en train de s’écrire, de personnages en mal de dramaturgie, ou encore de conflits d’égo…
Les difficultés de l’exercice de la commande sont traitées au fil de dialogues doux amers vivifiants qui nous invitent dans l’envers du décor.  Si la fiction s’inscrit ici dans une forme de réalité, c’est bien elle qui l’emporte, au final.


Ce que j'en ai pensé :

 J'avais déjà eu l'occasion de lire au début de cette opération un autre ouvrage d'Amandine Dhée, je ne suis donc plus tout à fait en terrain inconnu (enfin, je crois).
En revanche dans le cadre de ce petit roman, il s'agit d'une écriture à quatre mains et parfois cela peut tout changer. J'ai déjà vécu pareille aventure et cela n'avait pas été terrible.
Au final, non, je n'ai pas été déstabilisée, du moins par le ton. C'est énergique, enjoué, rythmé, sans temps morts, jeune avec un brin d'audace et d'effronterie !

Il faut quelques pages pour bien comprendre comment va se construire le roman et son récit. Ce n'est pas une histoire linéaire, mais une somme de petites histoires qui forme la Grande Histoire de l'industrialisation de cette région avec en trame de fond l'aventure littéraire dans laquelle se sont embarquées les deux auteurs. Cela donne un joyeux méli-mélo pas prétentieux pour un sous. C'est bouillonnant au contraire. On s'affranchie des limites imposées pour aller de l'avant.
Il n'est pas très évident de parler d'un tel ouvrage. Cela se lit, cela se vit point barre en fait.

Impossible de s'ennuyer durant cette lecture qui est très spontanée, mais on y trouve également le soucis du détail véridique.
J'ai une formation d'historienne et les passages sur l'existence des ouvrières, leurs conditions de vie ou de travail, leurs conditions sociales sont bien rendues sans que l'on tombe dans le ton universitaire ou dans le larmoyant.
C'est un bel ouvrage qui rend hommage à notre Nord du pays, à ses petites mains qui ont tant fait.
L'humour est également très présent pour justement contrebalancer un tantinet. Cela rend la lecture plus facile et plus ludique.
Tout en faisant référence au passé, l'écriture reste très contemporaine, c'est un beau tour de force. Bravo car avec deux auteurs, cela n'était pas si évident à mettre en place, enfin, je suppose. Toutefois, cette bonne humeur, on peut la ressentir dès le titre même choisi pour ce livre : "ça nous apprendra à naître dans le Nord". Voilà une certaine auto-dérision qui m'amuse.

La maison d'édition innove également et souhaite se démarquer (je trouve cela fort bien également) en offrant aux lecteurs un supplément audio gratuit à télécharger sur son site. Voilà un petit plus qui fait plaisir et un peu différent de ce que l'on trouve un peu partout (pas de standard ici,ouf, de l'originalité !!!!).

Vous l'aurez compris, j'ai passé un agréable moment de lecture avec ce petit roman contemporain. Je vous le recommande, il sort de l'ordinaire donc il ne conviendra peut-être pas à tout le monde, mais essayez quand même, on ne sait jamais.


Et s'il fallait mettre une note :  15 / 20


Les bonus :



Mini biographie de Carole Fives : Carole Fives est une écrivaine-portraitiste-vidéaste- ancienne élève des Beaux-Arts- chroniqueuse d’art. Elle vit à Lille et partage son temps entre les arts plastiques et la littérature. Pour Quand nous serons heureux, elle a reçu le Prix Technikart 2009, présidé par Alain Mabanckou. Elle est artiste associée des résidences EN APARTÉ 2010, aux côtés de Amandine Dhée et Louise Bronx.

Mini biographie d'Amandine Dhée : Amandine Dhée est une jeune auteure lilloise. En 2006, elle rencontre le slam et La Compagnie Générale d’Imaginaire qui la soutient et la recommande depuis. Avec un bon sens désarmant, Amandine Dhée porte un regard amusé et tranchant sur des situations de la vie quotidienne. Son premier roman Du bulgom et des hommes est paru aux (éditions) La Contre Allée.

mercredi 4 janvier 2012

Princesses & Lolitas de Rosalys


Le livre :

Princesses et Lolitas de Rosalys chez Booklight, 28€, 80 pages

Pourquoi ce livre :

Dans un passé pas si lointain que cela, j'étais une grande fan de manga et de Japanimation. J'ai donc eu l'occasion de feuilleter quelques artbooks, voir de m'en offrir certains, mais avec parcimonie car souvent les belles pièces sont non seulement rares, mais également chères.
Et puis, j'ai grandi, mûri comme on dit, j'ai découvert d'autres choses, je me suis lancée dans de nouvelles découvertes sans jamais renier mon histoire, mes passions d'alors. Suivant moins l'actualité de ces domaines particuliers, j'avais tout de même à l'oeil une certaine Rosalys et quand son ouvrage est sorti, je me l'étais noté dans ma wish-list.
Il y a peu Babélio a lancé une édition spécifique de l'opération "Masse critique" : un spécial jeunesse.
Quand j'ai vu que "Princesses & Lolitas" était du lot de la sélection, j'ai posé ma candidature et voilà, je l'ai eu en partenariat.


Le pitch :

A travers ses collections aux thèmes aussi universels que les signes du zodiaque ou le langage des fleurs, l'artbook de Rosalys permet de découvrir tout son univers par le biais de ses allégories féminines.
Apparaît ainsi, son style doux, lumineux et poudré. II se dégage de ses illustrations délicatesse et féérie, et si les compositions détaillées de ses images rappellent Mucha, l'harmonie de ses couleurs fantaisistes évoque aussi la culture pop japonaise actuelle : ses princesses et ses lolitas sont tout autant occidentales qu'asiatiques, à l'image de l'artiste.

Ce que j'en ai pensé :

En prenant "Princesses & Lolitas" dans les mains après l'avoir sorti de son emballage postal dans lequel il m'était parvenu, j'ai renoué avec des sensations connues, mais passablement un peu oubliées.
Le format tenant plus de carré presque parfait est assez classique, tout comme la relative souplesse de l'objet malgré un choix sur les qualités de papier et de la couverture.
Dès cette dernière d'ailleurs, on entre de plein pied dans l'univers de Rosalys, celui qu'elle a bien voulu nous faire partager dans ce recueil.
L'édition que j'ai avec moi est trilingue : Anglais, Japonais et Français. Cela n'est en rien gênant et cela reste certainement très pratique pour l'éditeur. Les textes sont très minoritaires dans ce type d'ouvrage et toute notre attention reste concentrée sur les arts graphiques.

Vous retrouverez plusieurs thématiques dans l'ouvrage, pour mieux vous offrir un large panel des possibilités que possède Rosalys, ainsi que des techniques qu'elle maîtrise.
Dans ses illustrations des signes du zodiaque, par exemple, que des jeunes femmes pour les symboliser. J'ai particulièrement apprécier mon signe : les gémeaux. Sa vision devait sans aucun doute rejoindre la mienne ou l'inverse. Elle su retranscrire avec talent cette dualité pourtant marquée également par la différence.

Pour le langage des fleurs, on ressent vraiment le mélange des influences qui font que le style de Rosalys est assez particulier.
C'est également avec cette série que j'avais connu le travail de l'artiste sur la Toile. C'est donc pour moi une redécouverte de ces illustrations sur un autre support que mon écran d'ordinateur.
Ma préférée ? Celle du Chèvrefeuille, fleur qui signifie "lien généreux".

Pour les Lolitas, on est dans un monde très (trop) girly, mais j'y trouve aussi un brin d'humour.
J'adore "Mon imaginaire" avec ses couleurs un peu moins criardes, plus "bisounours" sans doute, mais dangereusement "Kawaï" !

Dans cet artbook, il vous restera encore les séries "Fruits et couleurs" (la photographie des oeuvres laisse bien percevoir le grain des toiles de lin utilisées comme support, c'est superbe), "Portraits de pensées", "Les contes de fées",  "Cheveux noirs",  "Pretty women" à découvrir. Je ne veux pas trop vous en dire car ce sont des oeuvres visuelles, les décrire n'apporte pas grand chose en réalité.
Reportez-vous à ma partie Bonus, vous trouverez un lien vers le site de Rosalys et vous pourrez également visionner des extraits de l'album.

Vous pourrez aussi apprendre dans cet artbook comment travaille Rosalys avec la partie "Pas à pas". C'est très instructif et même s'il y a peu de texte explicatif, les photos sont assez parlantes.
Mais rassurez-vous, vous aurez aussi la possibilité de lire un "Conte minuscule" pour parfaire cette ambiance féérique.
Après avoir eu ce livre entre vos mains, vous ne pouvez qu'être redevenue une petite princesse, au moins quelques instants…

Et s'il fallait mettre une note :  15 / 20


Les bonus :

Le site de Rosalys : http://rosalys.net/
Vous pourrez y admirer des illustrations présentes dans "Princesses & Lolitas". vous comprendrez mieux pourquoi j'ai préféré ne pas trop écrire, mais plutôt vous diriger vers les oeuvres elles-mêmes.

La fiche Wikipédia de Rosalys : http://fr.wikipedia.org/wiki/Rosalys



mardi 3 janvier 2012

Veuf de Jean-Louis Fournier


Le livre :

Veuf de Jean-Louis Fournier chez Stock, 15 € 50, 156 pages

Pourquoi ce livre :

J'ai eu envie de lire ce livre pour deux raisons majeurs :
- J'avais vu Jean-Louis Fournier dans "La Grande Librairie", mon émission littéraire de chaque jeudi sur France 5. J'y trouve toujours beaucoup d'idées de lectures futures.
- J'ai déjà lu 2 ou 3 ouvrages de Jean-Louis Fournier et j'adore son style d'écriture.
Voilà qui était amplement suffisant, mais si on rajoute à cela le fait que j'ai pu dénicher sans peine l'ouvrage en question au rayon des nouveautés de la médiathèque que je fréquente régulièrement, je ne pouvais guère résister à la tentation.


Le pitch :

« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble.
Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement. J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire.
C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m’a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. »
Jean-Louis Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu.
Sa femme partie, il n’a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d’elle, il nous parle de lui.

Ce que j'en ai pensé :

Ce livre me parle pour tout un tas de bonnes et de mauvaises raisons car rien n'est jamais tout blanc ou tout noir. Je persiste à penser que l'existence est un vaste nuancier de gris allant du plus clair au plus foncé.
Je me retrouve également à penser comme ces "bons amis" qui pensent que ce drame peut leur arriver demain sauf que je ne fonce pas prendre un rendez-vous chez ma généraliste pour autant de manière précipitée. Mais oui, la vie est là et puis l'instant d'après, elle a déserté le corps de l'être aimé sans crier gare.

Dans cet ouvrage, Jean-Louis Fournier nous parle de son vécu, de ce qu'il a malheureusement expérimenté. Je dirai même encore une fois… Car oui, dans ses écrits, il y a toujours beaucoup de lui-même, ils possèdent une très large part autobiographique. J'apprécie cela car au moins j'ai l'impression de toucher à quelque chose de plus authentique. Ce n'est jamais la vérité absolue car où s'arrête cette dernière et où commence la fiction, les éléments édulcorés, je n'en sais rien. Cependant, je pense que même en mêlant le vrai et le factice, on s'approche réellement  du véridique.

Ce texte n'est pas aussi amusant que d'autres écrit auparavant. Ce n'est même pas le thème qui en est responsable car, pour les habitués de la plume de Jean-Louis Fournier, on sait bien qu'il peut faire de l'humour avec tout et surtout l'improbable. Il est ainsi, il ne s'en cache pas.
Non ce livre ne vous fera pas rire aux éclats, mais il n'est pas exclu non plus que vous esquissiez quelques sourires. Ces derniers seront tantôt amusés, tantôt attendris.
Il transparait dans cette suite de très courts chapitres beaucoup d'amour. C'est dit avec les mot de l'auteur, cela détonne parfois, mais même avec une certaine maladresse, c'est bien de l'amour que l'on sent partout.
Enfin sauf la pique envers son ex-épouse et là, peut-être que Jean-Louis Fournier aurait pu s'abstenir. Mais les sentiments sont rarement lisses donc…

La vie est joueuse, mais pour une fois Jean-Louis Fournier a envie d'arrêter de jouer avant de repartir de l'avant.
Il utilise la méthode Coué :
"Tous les jours, et à tout point de vue, je vais mieux, de mieux en mieux."
Phrase qu'il se répète en boucle et nous distille dans certains passages. Cela me rappelle un peu Danny Boon qui chantonnait :
"Tout va bien, je vais bien !"
Oui, enfin presque, faut du temps…

Voilà un ouvrage à lire lentement, je crois que je l'ai fait trop vite.
Les chapitres extrêmement courts nous incitent à lire toujours plus, mais en fait, je pense qu'il serrait bon de ralentir le rythme, de lire chaque passage en effectuant une pause pour mieux visualiser les souvenirs que nous offre l'auteur, mieux ressentir sa peine, son manque de l'être aimé.
Un livre à siroter, je vous assure que ce n'est pas larmoyant, c'est au contraire une ultime, mais belle déclaration d'amour remplie de bons souvenirs, ceux qui restent…
Et on en ressort plutôt grandi, ce qui n'est pas si banal.


Et s'il fallait mettre une note : 15 / 20



Les bonus :

Une interview de Jean-Louis Fournier pour la sortie du livre : http://www.dailymotion.com/video/xn5y0w_litterature-veuf-de-jean-louis-fournier_creation

Critique littéraire du figaro en vidéo : http://www.dailymotion.com/video/xm0pfp_veuf-le-chagrin-et-l-humour_news

La griffe noire y met son grain de sel (2 fois, mais chroniqueurs différents) : http://www.youtube.com/watch?v=hHuikSckHQU et http://www.youtube.com/watch?v=_va8GWIt4G8

lundi 2 janvier 2012

Viandes et légumes de Guillaume Ganzales


Le livre :

Viandes et légumes de Guillaume Gonzalès aux éditions Kyklos, 19 €, 284 pages

Pourquoi ce livre :

Un partenariat, c'est une histoire de confiance, mais aussi une promesse de découverte.
C'est aussi une possibilité d'aller vers des livres, des auteurs, des maisons d'édition que l'on ne connait pas ou peu, d'étoffer son champ de lecture et donc de découvrir de nouvelles sources de plaisir.
Voilà donc avec "Viandes et légumes" une nouvelle aventure littéraire qui s'est offert à moi grâce aux Agents Littéraires et comme toujours, je m'y lance avec beaucoup de curiosité.

Le pitch :

Et si Brou, bourgade d’Eure-et-Loir portée par son fleuron, Viandes et légumes, constituait le must des soirées ? Va savoir...
Et tu sauras.

Côté viandes, tu t’apercevras que passées certaines heures, d’accortes jouvencelles exhibent leurs chairs sans vergogne.
Les légumes, tu les trouveras dans le public, où l’élite vient s’encanailler à moindre frais.

Et comme tout le monde ne vit pas la nuit, tu t’apercevras qu’il s’en passe aussi de belles le jour, lorsqu’un concurrent viscéralement méchant a juré ta perte...

Ce que j'en ai pensé :

Un titre décalé et pourtant bien en rapport avec son sujet, surtout si on extrapole un peu en prime. "viandes et légumes" pour un bar à hôtesses fallait oser quand même.
Et rassurez-vous (ou pas), il n'y a pas que le titre qui est loufoque. Toute l'affaire racontée ici dans cet ouvrage est un peu folle. Entre les cadavres, les victimes, les voyous de province et un village reculé, on n'est pas sorti de l'auberge comme on dit.
Si on rajoute un style non dénué d'humour à cet ensemble, on obtient donc un roman de type polar peu ordinaire.

L'écriture est un peu particulière. J'ai eu l'impression de voir les personnages et les décors comme issus d'un dessin animé du style "les triplettes de Belleville". C'est assez difficile de décrire ce ressenti qui reste très visuel.
J'ai assez vite saturé en revanche au niveau de l'humour. Il n'était pas déplaisant au départ, mais au bout de 50 pages, j'en avais fait le tour ou presque et donc 280 pages ainsi, c'est l'indigestion ou peu s'en faut.
Dommage, il y avait du potentiel.
Il y avait de l'inventivité.
En bref, il y avait pas mal de qualité dans cet ouvrage qui aurait pu me plaire, seulement voilà, la "mayonnaise" n'a pas prise cette fois. Mauvais timing entre mon humeur, mes attentes et le récit en lui-même ? Possible.

Le prénom du narrateur par exemple, Galaad, est beau, peu courant. J'apprécie ce sens de la recherche, de la volonté de se démarquer un peu, de vouloir créer un véritable univers pour un récit.
Et il y a de nombreux détails de l'intrigue en ce sens, mais cela n'a pas été suffisant hélas pour véritablement me captiver sur la durée. Hélas...
Je n'ai pas pu me sentir proche d'un seul personnage, ils ont tous un grain ou alors sont trop éloignés de ma propre personnalité. Il faut bien dire aussi que rien n'est complètement banal dans cette aventure. Ce  serait même plutôt le contraire.

Ce qui fut pour moi peu attractif, en fin de compte, peut en revanche l'être pour un autre lecteur. Ce roman n'est pas mauvais du tout, je ne suis certainement pas la bonne lectrice pour lui, c'est tout. Cela arrive et n'enlève rien aux qualités de l'oeuvre écrite.


Et s'il fallait mettre une note :
10 / 20


Les bonus :


Une petite video légèrement décalée l'ouvrage pour mieux vous le présentez. Je n'ai pas été convaincue, mais vous ? : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=UDWJzSRwC-w

Petite biographie de l'auteur :

Naissance à Saint-Dizier le 26 octobre 1972.
Guillaume Gonzales a passé la majeure partie de son enfance en
Picardie.
C'est depuis sa chambre que se sont forgées ses références, de Paul Simon aux trois James : Crumley, Burke et Ellroy.
Après plusieurs années consacrées à la découverte des États- Unis, parcourant les deux côtes en de multiples occasions, il s'est finalement installé dans le Perche, entre un champ de colza et un pré peuplé de moutons.
C'est là qu’il écrit désormais, lorsque sa femme et ses trois filles le lui permettent.
Son premier polar, La Bataille des forts, a été publiée aux éditions Kyklos en 2010.


Merci aux éditions Kyklos et aux Agents littéraires pour ce partenariat.

dimanche 1 janvier 2012

Welcome 2012


2012 est arrivée donc autant s'y faire tout de suite.
Je n'ai pas trop envie de regarder dans le rétroviseur parce que je sais ce que je vais y voir...

- Des challenges que je n'ai pas terminé et que je terminerai jamais (soit ils sont dépassés, soit je crois que je suis passée à autre chose).

- 74 livres lus dans l'année, ce n'est après tout qu'un chiffre sans réelle valeur car ce qui est vraiment important, c'est bien le plaisir que j'en ai retiré de ses lectures et tout ce que j'ai pu y apprendre (de futile et de moins futile).

- 1 swap seulement en 2011, mais un vrai de l'amitié, pas programmé.

- 1 salon, celui de Paris en mars, comme d'habitude, mais toujours avec son lot de bonnes surprises et de découvertes.

- Des partenariats, des découvertes littéraires heureuses, d'autres un peu moins...

Voilà, en gros ce sur quoi je n'ai pas trop envie de m'appesantir longuement car ce n'est ni intéressant, ni même important.

2012, je la voudrais plus riche encore en émotions littéraires, avec plus de livres lus si cela est possible, mais je serai très heureuse aussi de ne lire que des bons ouvrages, de partager plus d'amitié  avec des passionnées etc...

2012, je vous la souhaite aussi excellente que ce que je l'imagine...