jeudi 16 octobre 2014

Barbarie 2.0 d'Andréa H. Japp



Rentrée littéraire 2014



Le livre : 

Barbarie 2.0 d'Andréa H. Japp aux éditions Flammarion , 436 pages, 21 € 00.



Pourquoi cette lecture : 

Il s'agit d'un partenariat avec Gilles Paris
Un titre qui m'intriguait car je connaissais fort bien les talents d'Andréa H. Japp en tant que traductrice des romans de Patricia Cornwell, mais aussi un peu son propre don pour les intrigues assez diverses (historiques, comiques, thriller...). Il m'en faut peu en somme, mais je suis d'une nature très curieuse donc... Je laisse rarement passer une occasion. Et oui, je suis faible également car je ne sais pas résister. 



Le pitch : 

Un avocat général retraité, Thomas Delebarre, est retrouvé sauvagement poignardé dans sa villa de Mougins. On découvre des fichiers pédophiles sur son ordinateur. Son frère ainé, Charles, et sa nièce, femme d'un milliardaire assez mystérieux, exigent que la vérité soit faite. 
Aux Etats-Unis, au Canada, en France, en Belgique, des gens bien sous tous rapports décèdent dans des circonstances ultra-violentes.
Yann Lemadec, diplômé de psychologie et de chimie, devenu analyste au ministère de l'Intérieur, est chargé par Henri de Salvindon, ponte de la DCRI, d'enquêter sur le Pr Alexandra Beaujeu, une ancienne neurologue dont le fils, Colin, âgé de 16 ans a été massacré quinze ans plus tôt par trois délinquants. Tous trois sont morts dans des circonstances troublantes après leur sortie de prison. Or, Thomas Delebarre avait été l'avocat général au procès en appel. On lui avait reproché un réquisitoire que d'aucuns trouvaient trop clément. Cependant, Yann juge la culpabilité du Pr Beaujeu peu probable. En dépit de sa pugnacité, il s'agit d'une femme cassée par le meurtre de son fils. Elle a adopté un petit garçon du Cap-Vert : Grégoire, aujourd'hui 24 ans. Son ex-mari, Terence Osborne, père de Colin, n'a pas pu se remettre de la mort de son fils et a disparu de la circulation. 
Artémis une Française et Apollo un Canadien, rythment le roman de leurs échanges via internet : réflexions sur l'actualité ou les changements de civilisation, retranscriptions des conférences d'un neurobiologiste américain mondialement réputé, le Dr Ariel Goldberg. 
Yann se fait aider, en cachette, par Lucy Dormois, une analyste informaticienne de l'Intérieur. Il s'interroge sur l'intérêt véritable d'Henri de Salvindon pour cette affaire.
Entre fascination et répulsion, Yann s'approche d'un monde en guerre souterraine, une guerre implacable, où la détermination, l'intelligence et le profit font rage. 
Thriller haletant, le roman dresse aussi un tableau inquiétant des dangers auxquels fait face, sans le savoir, une humanité déboussolée. Une humanité que de puissants intérêts souhaitent désinformée et obéissante, fascinée par ses nouveaux jeux. Du moins tant qu'elle peut payer.



Ce que j'en pense : 

Je sais par expérience qu'Andréa H. Japp ne laisse que rarement se glisser dans ses écrits des éléments liés au hasard. Elle cherche, se documente en amont de la phase d'écriture. 
J'ai appris via l'éditeur qu'en effet, pour ce titre aussi, elle avait beaucoup travaillé (note de l'éditeur ci-après) : 

"Durant deux années, l'auteur a réuni de nombreuses affaires criminelles qui illustrent l'inquiétante progression de la violence "gratuite". Surtout, elle s'est intéressée aux récentes études en neurosciences – citées dans le roman – consacrées aux dysfonctionnements comportementaux, aux addictions et à la sur-agressivité. Elle retrouve ici sa formation de docteur en biochimie, toxicologue de recherche, en revenant au roman contemporain avec ce thriller pré-apocalyptique à la pointe des dernières découvertes scientifiques. Les racines de la barbarie 2.0 sont abordées sous un angle neurobiochimique mais également économique. Car la violence est aussi un juteux marché."

Cela pose un roman aussi "fictionnel" soit-il. Et justement, si on est dans un récit aussi bien construit, c'est qu'il repose sur des faits réels légèrement transformés. 
Crédible, l'intrigue se tient bien, mais c'est aussi glaçant pour nos sangs car ce n'est pas seulement le fruit de l'imaginaire d'une auteure prolifique. Les chiffres, les données statistiques  me donnent véritablement l'impression que nous vivons dans un monde fou. La barbarie est partout même là où on ne l'attend pas. Pour un peu, on deviendrait largement aussi méfiant que certains protagonistes. 

Roman résolument tourné également sur les nouvelles technologies qui peuvent dérouter quelques lecteurs de la vieille école. Il est possible qu'ils se sentent d'autant plus perdus et vulnérables. N'est pas un NERD qui veut. 
Et puis, il y a l'aspect scientifique axé sur le fonctionnement de notre cerveau. Il est un brin stimulé par l'évocation des publications dans ce domaine et surtout si tout ceci est bien vrai, on se dit que beaucoup de problèmes neurobiologiques pourraient être évités, diminués, voir éradiqués avec peu de moyens. Mais effectivement comme le dit le personnage nommé Ariel Goldberg, je dois avoir un mauvais esprit car ce n'est peut-être pas assez cher (ça ne rapporte pas assez quoi). 

Personnages marqués et quelques fois marquants donc pour ce roman. 
On a assez vite nos petits préfèrés, protégés. Lucie Dormois par exemple. Pas une jeune première, mais une femme qui sait faire mouliner ses neurones et qui adore les douceurs. Je n'oublie pas non plus la jeune Artémis. Attachante, courageuse et si aimante aussi envers Jeanne.  Et d'autres encore que je vous laisse découvrir. 
Ça foisonne et les liens se resserrent. Bel imbroglio. 

Écriture soignée et factuelle. 
C'est efficace, bien rythmé, cadré et maitrisé. Limite scientifique, mais à la vue du thème, c'est plutôt un plus. 
Une trame bien menée de bout en bout même si le final m'a laissé un brin sur ma faim. 




Et s'il fallait mettre une note : 15 / 20.



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