vendredi 31 mars 2017

Terreur de Yann Moix




Le livre : 

Terreur de Yann Moix aux éditions Grasset, 160 pages, 18 € 00.
Publié le 4 janvier 2017.


Pourquoi cette lecture : 

Je n'ai encore rien lu signé Yann Moix alors que je l'écoute régulièrement dans "On n'est pas couché".
L'analyse et un retour sur les attentats qu'a subit notre pays ces dernières années, ces derniers mois par un intellectuel doit changer de ce que l'on peut lire d'ordinaire. 


Le pitch : 

"Ce livre, écrit au jour le jour pendant et après les attentats contre Charlie Hebdo et à l'Hypercacher, ne sort que deux ans après les événements : il fallait respecter le temps du deuil ; et me donner la faculté de suspendre celui de la réflexion. "Penser" les attentats est une gageure, parfois même un oxymore : le risque est soit de donner trop de sens à ce qui n'en a pas, soit de rater les étapes d'un processus plus complexe qu'il n'y paraît. 
Penser les attentats, c'est possiblement se tromper. Ce livre est un cheminement, une progression, une interrogation, un questionnement sur la radicalité, la radicalisation, la jeunesse, l'islamisation, la violence, le nihilisme. Autant de termes qu'on ressasse à longueur de journées sans jamais s'arrêter pour les creuser, les approfondir jusqu'à la nausée. Ce petit essai est obsessionnel : revenir à l'infini sur les actes, les causes, les effets, les acteurs, les conséquences, sans jamais se raturer, au risque même, çà et là, de se contredire. 
Les frères Kouachi, Amédy Coulibaly sont les tristes protagonistes d'un événement originel, matrice de tous les attentats qui suivirent : les notes et scolies rédigées à chaud et publiées maintenant, doivent se plaquer sur tous les attentats qui suivirent, et qui sortent tout droit, peu ou prou, de janvier 2015. Car ce qui me frappe à la relecture d'un texte rédigé il y a deux ans, c'est à quel point ce qui y était prévu est déjà advenu ou encore, hélas,  à advenir . 
Je n'ai donc rien censuré des passages prophétiques qui me donnent aujourd'hui le sentiment d'une réflexion rattrapée par le réel, au prétexte qu'ils pourraient être lus comme ayant été rédigés rétroactivement à partir du réel : on ne s'excuse pas d'avoir eu raison trop tôt. "Nous sommes en guerre" a dit le président de la République. Les écrivains ont toujours voulu dire la guerre. Je n'échappe ni à la règle, ni à la tradition", Y. M.


Ce que j'en pense : 

Ce livre est une succession d'idées, de réflexions sur des événements qui ont marqué les esprits, mais aussi les consciences, les chairs... L'ensemble est décousu, pas sans liens, mais jeté sans ordre, sans autre organisation que celle du temps, de l'ordre dans lesquelles lui sont venues ces pensées. 

Le titre ne reflète pas le contenu, ne vous y fiez donc pas plus que cela. Il est trop fort. C'est peut-être pour marqué les esprits, nous attirer. L'auteur ne ressent pas de la terreur, il n'aurait pu écrire ce livre. La terreur paralyse les fonctions cognitives, on ne peut penser, pas plus que réfléchir. On est au mieux dans l'instinct de survie. 

J'ai apprécié les idées de l'auteur, mais assez vite, disons au quart de ce livre, j'ai eu l'impression de tourner en rond. J'ai eu le sentiment qu'on avait fait le tour. Il y avait des redites, bien faites, mais cela finit par lasser à la longue. J'aurai préféré que ce soit plus court. 
Au niveau du style, je dirai que c'est du Yann Moix dans le texte. C'est mon premier titre de l'écrivain, mais tout au long de ma lecture, j'avais sa voix dans un petit coin de ma tête qui lisait le texte. Il y avait tout. Les intonations, les pauses, le rythme...

Au final, c'est un livre intéressant pour des passages incroyablement intelligents, finement vus, mais il y a un peu trop de remplissage. C'est dommage car l'auteur qui en irrite plus d'un par son caractère ou son franc-parler pas toujours diplomatique me semblait être au-dessus de cela. Après j'ai lu d'un trait ce qui me semblerait plus judicieux de découvrir par bribes. Ce serait plus digeste. 
Un livre, des idées qui dérangent ne sont pas pour me déplaire. Cela fait réfléchir, penser, argumenter... En cela, Yann Moix a réussi. Pas besoin d'être en accord sur tout. Et puis, on apprend chaque jour en confrontant des idées. 


Et s'il fallait mettre une note : 13 / 20 

mercredi 29 mars 2017

Dad, tome 3 : les nerfs à vif de Nob



Le livre :

Dad, tome 3 : les nerfs à vif de Nob aux éditions Dupuis, 48 pages, 10 € 60. 
Publié le 2 septembre 2016. 



Pourquoi cette lecture : 

J'adore en général les albums de Nob. 



Le pitch : 

Dad, le comédien au chômage et père à temps plein, va devoir accepter à contrecoeur une nouvelle présence féminine dans son appartement. Alors qu'il était déjà bien occupé à gérer les revendications de son aînée Pandora, les garçons qui tournent autour d'Ondine l'adolescente, les jouets éparpillés de la petite Roxane et les balades au parc de la dernière, Bébérenice, l'installation pour quelques jours de la mère de sa seconde fille sur le canapé du salon risque bien d'être de trop. Car Rose, grandiloquente actrice, n'est pas des plus discrètes...
Mais qu'importe, malgré les histoires des adultes, une chose est sûre : chez eux, il y aura toujours des rires, des crises, des repas à préparer, des sorties d'école, des copines et des amoureux.



Ce que j'en pense : 

Dad est un papa pas tout à fait comme les autres et c'est tant mieux. Il est comme Mamette, l'autre personnage qui m'a fait découvrir cet auteur de BD. 
Plutôt classifié aux rayons jeunesse, j'avoue que je prends plaisir à découvrir les aventures de ce père de famille et de sa progéniture. D'ailleurs regardez bien la petite dernière dans les gags, elle est souvent en retrait, mais pas la moins drôle. 

Les quatre filles sont issues d'unions différentes et chacune possède un caractère bien trempé. Les histoires n'en sont que plus piquantes. 

Cette famille recomposée est peu banale, mais beaucoup peuvent s'y retrouver. Entre les galères du quotidien et les petites misères qui s'accumulent, on fait avec les moyens du bord. Beaucoup de fantaisie, un brin de folie et surtout de l'amour ainsi que de l'humour ! Bah, avec le rire, tout passe. 
On peut même ensuite prendre un peu de temps pour saisir le deuxième sens à peine cacher de la plupart des scènes. Oui, on s'amuse, mais c'est aussi plus profond s'il n'y paraît. 

J'aime beaucoup les dessins et le graphisme. Les couleurs très marquées parfois donnent un aspect contemporain chaleureux. On se sent comme à la maison dans ces cases. 
On ne s'en lasse pas et on attend le prochain opus. 



Et s'il fallait mettre une note : 15 / 20 


lundi 27 mars 2017

Blouse de Senanque Antoine



Le livre : 

Blouse de Senanque Antoine aux éditions Grasset, 337 pages, 19 € 30. 
Publié le 3 février 2004



Pourquoi cette lecture : 

L'envie de faire baisser ma PAL plus que vertigineuse. 



Le pitch : 

" je ne sais pas. Ma devise... Les malades exigent le monopole du doute. Mon Je ne sais pas ne pouvait pas être accepté. J'ai dû le garder en moi durant d'interminables consultations qu'il aurait su abréger. J'ai dû faire croire que je connaissais les réponses à toutes les questions. J'ai dû apprendre la langue qu'on utilise dans ces cas-là, le vocabulaire médical qui vous sauve de tous les pièges. " Qu'est-ce qu'un médecin qui, après vingt ans de pratique, avoue son ignorance ? Un irresponsable? Un usurpateur? Ou simplement un homme sans illusions qui enlève sa blouse et n'a plus pour credo que la phrase de Céline : " la médecine, cette merde " ? Ce récit à la première personne est une confession autant qu'une plongée dans la vérité humaine de la médecine. Des urgences débordées aux morgues trop pleines, des diagnostics hasardeux aux erreurs fatales, le neurologue Antoine Sénanque n'épargne rien ni personne. Il ne s'épargne pas lui-même. Il y a dans cette introspection choquante tout le malaise de la médecine actuelle.



Ce que j'en pense : 

Les médecins peuvent vous soulager, vous sauver la vie même. Ceci dit, je suis un peu en froid avec eux, mais j'ai toutefois souhaité lire ce livre. Je ne suis jamais à une contradiction près. 
Et très franchement, celui-ci (de médecin) n'attire pas ma sympathie, même si au départ j'ai voulu être plus compréhensive. J'ai essayé de le cerner, de ne surtout pas le juger, de voir où sa réflexion aller le / nous mener... Et puis, il m'a agacé et il m'est presque devenu antipathique. J'avais envie de le secouer, de lui mettre des gifles. Il m'insupportait   

C'est cynique, sinistre au niveau du constat. Certes tout n'est certainement pas faux et je pense que c'est même très (trop) juste, mais on n'a pas envie de trop le savoir. Cette réalité fait mal. Une lucidité qui fait souffrir le personnage, le lecteur et aussi tous les autres. 
Après, il en faut du courage pour oser écrire et publier un tel ouvrage. Tant pis si je n'ai pas apprécié ce neurologue, il ne s'estime pas beaucoup non plus, il faut reconnaître que ce livre marque les esprits. Qu'il laisse un goût amer est toujours préférable à un rien qui ne laisse que du vide. Au moins, on cogite et regardons le monde avec de nouvelles clefs pour l'appréhender. Que cela ne nous réjouisse pas n'est pas important au fond, c'est la vie qui n'est pas rose... 



Et s'il fallait mettre une note : 12 / 20 

vendredi 24 mars 2017

Frnck, tome 1 : Le début du commencement de Bosquet et Cossu



Le livre : 

Frnck, tome 1 : Le début du commencement de Bosquet et Cossu aux éditions Dupuis, 56 pages, 9 € 90. 
Publié le 17 mars 2017. 



Pourquoi cette lecture : 

Depuis plusieurs mois, je me suis vraiment remise à lire des BD et c'est un véritable plaisir. Je relis quelques titres et surtout je découvre des classiques ainsi que des nouveautés comme Frnck. 



Le pitch : 

Franck est un gamin de 13 ans qui vit dans un orphelinat depuis sa plus tendre enfance.
Un jour, alors qu'une énième famille est prête à l'adopter, la directrice laisse échapper que personne ne sait ce que sont devenus ses parents. Abasourdi par cette révélation, alors qu'il les croyait morts, Franck décide de fuguer et de retrouver sa famille.

Il commence sa quête à l'endroit précis où il a été trouvé. À l'époque une forêt, aujourd'hui un chantier pour un futur parc d'attractions préhistoriques sur le thème de la préhistoire. Sur place, Franck échappe de justesse aux crocs d'un molosse mais chute dans un étang, échappe de peu à la noyade et reprend conscience dans une grotte. 

Après avoir été pourchassé par un smilodon, fait prisonnier par une tribu d'Homo sapiens et servi d'appât pour un poisson géant, Franck se rend compte qu'il n'a pas atterri dans un parc aux effets spéciaux ultra-réalistes... Il est tombé dans une faille spatiotemporelle et est remonté jusqu'à la vraie préhistoire !


Ce que j'en pense : 

Voilà un début de saga qui promet et que j'ai dévoré en passant un excellent moment. J'ai aimé ce jeune garçon Frnck (Franck dans mes yeux car je n'arrivais pas à enlever la voyelle et c'est lors de la lecture de cet album que vous comprendrez pourquoi les voyelles sont absentes) qui est attachant, un peu boulet sur les bords, maladroit, inventif, bien dans son époque et ce qui lui arrive est donc un sacré bouleversement. Pensez donc !!! Se retrouver en pleine préhistoire en un claquement de doigt. 
Comment cela se fait ? On n'en sait rien, mais le cœur de l'histoire est ailleurs. Comment va-t-il s'en sortir le petit ? Ça oui, c'est du suspense car les dangers sont multiples et de taille. Pas un instant de répit ou presque. 

Ce premier tome pose les jalons et pourtant dès les premières planches, on est dans l'aventure. On ne perd pas un instant en tergiversations. L'entrée en matière est disons fracassante. Si, si ! 

C'est drôle, un fabuleux mélange des genres et des codes de la BD (belge, manga, comics) et cela prend. J'ai pas mal rigolé avec ces planches. Il est impayable ce Frnck ! 



Et s'il fallait mettre une note : 15 / 20 


mercredi 22 mars 2017

Le moine et le singe-roi d'Olivier Barde-Cabuçon




Le livre : 

Le moine et le singe-roi d'Olivier Barde-Cabuçon aux éditions Actes-Sud, collection Actes noirs, 336 pages, 22 € 50. 
Publié le 1er mars 2017. 


Pourquoi cette lecture : 

 Je suis une inconditionnelle des enquêtes du commissaire aux morts étranges depuis le début (la première) et j'ai la chance de connaître un peu l'auteur qui m'a fait très gentiment fait parvenir ce nouvel opus. 



Le pitch : 

Une jeune est retrouvée sauvagement assassinée dans les jardins du château de Versailles. Le commissaire aux morts étranges et son collaborateur le moine hérétique, de retour de Venise après une étape savoyarde (cf. Entretien avec le diable), entament une enquête sous la supervision directe de Louis XV et de la Pompadour. Une fois de plus, Olivier Barde-Cabuçon excelle à rendre tout le sel de l'époque, entre fascination de l'étrange, goût de la débauche et explosion des connaissances.



Ce que j'en pense : 

Un crime atroce survient dans un cadre où la réalité n'a pas lieu d'être puisque intégralement modelé par la main de l'homme, sur la volonté d'un souverain bâtisseur unique et dont le fantôme rôde pour toujours sur ce domaine royal. Tout est d'une force incroyable et qui nous happe d'emblée. 

L'entrée de Volnay et du moine en piste est majestueuse. J'oserais presque une comparaison avec une entrée martiale signée Dark Vador pour le commissaire aux morts étranges. (Une attitude, la force, le caractère, la rectitude). 
L'impertinence quasi immédiate du moine est rafraîchissante et vivifiante dans un monde où les faux semblants règnent en maîtres car tout y est factice, fabriqué, contrôlé.

Après cette nouvelle enquête sera l'occasion de renouer avec Paris, enfin surtout Versailles, des protagonistes dits secondaires alors que rien, ni personne n'est véritablement secondaire. C'est juste une question de point de vue et encore. 

Dans ce nouvel opus, bien des sujets abordés directement ou indirectement résonneront dans nos têtes comme étant très contemporains. Faut-il donc y voir une persistance des problèmes ou bien une incapacité à les résoudre pour l'Homme ? Par exemple la capacité de rendre responsable les "étrangers" des problèmes de violence ou de délinquance : Sartine parlera de la racaille transalpine. 
Il y a aussi les multiples références à l'état économique du royaume de France, ses problèmes de gouvernant, de responsables dignes et responsables... 
Que dire des inégalités sociales criantes ? De la misère qui grandit toujours plus, tout comme la richesse de certains privilégiés. 
Guère étonnant que le moine toujours en avance sur son temps sente déjà se lever une brise révolutionnaire, brise qui est bien tempétueuse dans son esprit éprit de liberté. Il ferait bien tomber quelques têtes, mais... 

On ne se révolte pas si aisément. Il y a tant de jeux de pouvoirs, de domination, de servitudes que briser ses chaînes n'est pas chose facile. 
Vous verrez que durant cette lecture, l'Homme est habile pour accroître son emprise sur les sujets plus faibles, réduire leurs marges de manœuvre au point peut-être de se ferrer lui-même. 

Les relations homme-femme seront aussi abordées avec là encore des jeux, des abus de pouvoirs, de la lassitude, de la routine, des hésitations, des incompréhensions, des non-dits... 
Des notions de féminisme avant l'heure seraient à relever. 

Globalement et comme toujours, le décor est merveilleusement posé. On vit l'intrigue, on est transporté au XVIII ème. 
Les psycho-rigides maniaco-historiques dont je fais partie, trouveront une erreur de filiation (à trois reprises au moins) qui leur fera dresser les cheveux sur la tête, mais si elle est dommageable historiquement, elle n'est en rien gênante pour l'intrigue. De plus et pour rassurer ces personnes, je sais de source sûre (l'auteur lui-même en fait) qu'elles seront corrigées pour les versions de poche. Ouf, on peut respirer, et ronger son frein car la suite des aventures du moine et du commissaire aux morts étranges, ce sera dans un an. Cela va être long, mais long... 




Et s'il fallait mettre une note : 17 / 20 


lundi 20 mars 2017

Article 353 du code pénal de Tanguy Viel




Le livre : 

Article 353 du code pénal de Tanguy Viel aux éditions de Minuit, 176 pages, 14 € 50. 
Publié le 3 janvier 2017. 



Pourquoi cette lecture : 

C'est mon homme qui a découvert ce livre, un peu par hasard. Il a beaucoup aimé et me l'a conseillé. 
Ensuite, les médias se sont mis à en parler de plus en plus. 
J'ai pris un peu mon temps, mais je me suis assez vite lancée pour ne pas qu'il soit enfoui dans ma PAL monstrueuse. 



Le pitch : 

Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d'être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l'ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec. Il faut dire que la tentation est grande d'investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer. 
Encore faut-il qu'il soit construit.



Ce que j'en pense : 

Je pourrais vous dire que dans cette lecture, il n'y a aucun suspens. On connaît le coupable immédiatement, idem pour la victime. Oui, mais ce serait aller un peu vite en besogne et surtout ce serait réducteur pour ce roman qui n'est d'ailleurs pas un polar. 

Le narrateur sera le "meurtrier" avec quelques interventions du juge qui l'entend juste après son interpellation qui fut rapide car Kermeur Martial n'a pas cherché à se cacher, ni même de se soustraire de quelques façons à la justice. Son ton, sa voix aurais-je envie de dire peut surprendre un peu au début et puis, très vite, on plonge dans sa narration qui remonte loin dans le temps (quelques années avant le drame, le dernier ?) pour que tout soit bien clair. 
Martial Kermeur, c'est un homme simple, avec juste ce qu'il faut comme instruction. C'est aussi un père touché dans sa chair. C'est un français moyen, banal pourrait-on dire. 

Le juge est la représentation de la justice, un univers complexe, assez éloigné de tout ce que connaît Kermeur qui a pourtant déjà eu affaire à elle indirectement. Il est sage, attentif comme on voudrait que cela soit. D'ailleurs, on se met volontiers dans sa peu à ce juge car comme lui, on écoute le récit de Kermeur. On l'aide à trouver les mots justes, on veut comprendre ce qui s'est passé, sa vie, son drame le plus important...

La "victime", on a de moins en moins de compassion pour elle déjà que... Certes, c'était un homme, mais quel homme ?! 
Et puis, il y a les autres personnages qui apparaissent, qui donnent du corps à cette histoire presque trop banale. 

Ce livre se découvre, se dévore, vous laissera des traces car même si tous ces faits fictifs remontent à la fin des années 90, c'est tellement criant de véracité que l'on ne peut pas rester de marbre. 

Attention avis de tempête, pour votre prochaine lecture, dans vos neurones. 



Et s'il fallait mettre une note : 16 / 20 

vendredi 17 mars 2017

Prends-moi pour une cruche. Guide de survie de la femme en milieu débile de Delphine Apiou



Le livre : 

Prends-moi pour une cruche. Guide de survie de la femme en milieu débile de Delphine Apiou aux éditions Robert Laffont, 139 pages, 10 € 90. 
Publié le 8 mars 2017. 



Pourquoi cette lecture : 

Il s'agit d'un partenariat avec les éditions Robert Laffont. 



Le pitch : 

Ce livre est né chez le coiffeur. " Vous avez les pointes sèches, on va faire un masque... Les cheveux aussi ressentent le stress, vous savez... Avec les vies de fous qu'on mène... En tout cas, vous ne faites pas votre âge ! " Ce compliment capillo-facial m'a fait vraiment plaisir... jusqu'à ce que je réalise que la coiffeuse – que je voyais pour la première fois – ne connaissait pas mon âge. Et là, bingo, je me suis demandé pourquoi ça me réjouissait et pourquoi c'était mieux de ne pas faire son âge. 
J'ai trouvé ça complètement con. Je me suis trouvée complètement con. Puis je me suis dit qu'il devait exister d'autres situations, d'autres idées débiles, d'autres panneaux dans lesquels je tombais. J'en ai trouvé plein, ils sont tous dans ce livre. Pourquoi ? Pour dire aux femmes d'arrêter de gober toutes les âneries qu'on leur raconte. Elles s'en sentiront beaucoup mieux.



Ce que j'en pense : 

Ce livre sort pour la journée de la femme (le 8 mars), c'est plutôt une bonne date vu son contenu, mais j'aimerais que le lectorat ne soit pas exclusivement féminin. Qu'il y ait au moins un petit pourcentage de lecteurs. D'ailleurs rassurez-vous messieurs, si le texte n'est pas toujours tendre avec vous, je suis d'accord avec l'auteur qui dès ses préfaces sérieuses et plus légères suggère que le pire ennemi de la femme est parfois, voir souvent la femme elle-même. Bah, on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même non ?! 

Au fil des règles d'or imaginées par Delphine Apiou, on passe par plusieurs émotions ou constats de faits : on est atterré, blasé, motivé, avec des envies de se rebiffer, on s'amuse aussi beaucoup... 
L'humour permet de faire passer tant de messages ! Les propos sont parfois légers, mais les problèmes bien réels, parfois graves (chiffres, statistiques et autres données sérieuses citées quand le besoin d'illustrer le propos se fait sentir).

On s'aperçoit alors que nous aussi, on s'est fait prendre au piège plus d'une fois, comme l'auteur sur des thématiques fort heureusement légères le plus souvent. 
Rien d'étonnant, je suis une femme moi aussi, du même âge à quelques mois près que l'auteur, avec des expériences forcément assez similaires... Du coup, on est fréquemment dans l'autodérision et c'est agréable quand on a de l'humour. 

On terminera cette lecture avec des nouvelles règles d'or à trouver, à inventer, à préciser, à personnaliser... C'est incroyablement bien vu pour que les lectrices (et les quelques lecteurs possibles) puissent définitivement s'approprier ce livre et pourquoi pas tenter de faire amies-amies avec celles qui nous aiment (trop ou pas assez). 




Et s'il fallait mettre une note : 13 / 20